Chapitre 26

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    Les rues ressemblent à des torrents tandis que la rivière un fleuve. Je regarde la pluie faire de petits ronds à la surface des flaques et les arbres devenir de plus en plus brillants. Le vent souffle, emportant en son élan des feuilles mortes. Les sapins verts semblent faire une étrange danse. Mes cheveux mouillés sont malmenés par la nature mécontente. La déesse Terra commande-t-elle tout cet environnement ? Et pourquoi est-elle alors en colère ?

    Je me tourne vers la moto, bien décidée de rentrer me sécher. Mais je vois alors Niko posé contre son véhicule, les bras croisés et un sourire étrange plaqué sur les lèvres. Je regarde derrière moi, regardant à qui il peut sourire comme-ça mais personne n'a envie de sortir à cet instant. Flippée par ce comportement bizarre, je m'avance lentement vers la moto en mettant mon casque sur la tête. Je ne peux que m'avancer, le casque n'étant plus dans mes mains mais dans celles du loup aux yeux verts.

"Ta technique est étrangement redoutable. Tu étais rapide, réfléchie et féroce, même sans forme vraiment animale. J'ai cru avoir Joséphine ou Kenzi devant moi. De plus, tu as su bien résister à l'appel de la meute. Ce dernier voulait que tu le tue, n'est-ce-pas ? Tu as pourtant résisté et attendu le choix des autres, nécessaire à un bon fonctionnement d'une meute. Tu as eu du courage et tu as vaincu ta peur pour protéger un membre de ta meute. -son sourire se fait plus contracté- Juste pour ça, tu peux me remercier d'être ton coach."

    Je fais tilt et ouvre la bouche mais rien de réussit à en sortir. Il en a du culot ! Qui a sauvé les fesses de qui ? A qui est cette "technique étrangement redoutable" ? Je rêve !

    Il rit et enfourche sa bécane. Il me jette le casque, souriant. En levant les yeux au ciel, je le rejoins et mes mains reprennent leur place favorite ; entre son tee-shirt et son gilet, là où il fait le plus chaud.

    Le moteur gronde et la roue motrice fait du sur-place avant de nous élancer à pleine vitesse. Sur la route inverse, je me rends compte que le sol est plus glissant et que le rideau de pluie ne nous laisse pas bien voir l'horizon. Ayant une petite appréhension, je me fais petite et m'accroche comme un panda à son bambou, le bambou étant forcément Niko. Les yeux fermés, je prie pour rester en vie.

"N'en profite pas pour me peloter." sort-il assez fort pour qu'un loup l'entende

    Zappant sa phrase d'un geste de la main, je reste tel quel. Le paysage défilant, nous entrons au bout d'un moment dans la forêt. Le petit chemin plein de boue nous secoue mais je tiens bon. Je préféré rentrée l'estomac à la place du cœur que pleine de boue. Mon avis peut toujours changer...

    La grille ouverte, le grand manoir prend place sous mes yeux. Arrêtés tout près de la porte, je descends avec hâte et rentre telle une furie à l'intérieur, le casque entre mes doigts glissants. Je souffle de soulagement en entendant le moteur de la moto se remettre en route. Au moins, il a été gentil de ne pas me faire courir du garage au manoir.

"Amia ! Tu vas m'enlever ces chaussures toutes sales et les mettre dehors ! Et que cela saute ! Je ne veux pas que mon beau tapis se fasse tâcher, tout-de-même. lance une voix de matriarche de la cuisine à droite

- Désolée, Agathe."

    Je fais ce qu'elle me demande et file à ma chambre au pas de course afin que personne ne me voit une nouvelle fois dans un état minable. Enfin dans mes quartiers, l'emplacement du chat vérifié, je tire les rideaux et me déshabille. Je fous mes vêtements dans un carton qui traînait et m'enferme dans ma salle d'eau. Avec la pluie, mes cheveux sont devenus aussi sales que les poils d'un vieux balai. Raffiné et sexy tout ça.

    Un peu plus tard, de ma garde-robe, je sors un vieux jean bleu que j'adore porter ainsi qu'une blouse sombre. Même si je n'ai pas froid, j'ajoute à ma tenue un long gilet au motif bordeaux, bleu et moutarde. Je prends le temps de tresser mes cheveux humides comme j'en ai l'habitude, une de chaque côté de ma tête, et enfile les bottes en vieux cuir de ma mère. Je lace ces dernières, nostalgique. Elle les adorait.

Différente : Déréliction [Fin]Tempat cerita menjadi hidup. Temukan sekarang