Différente : Déréliction [Fin]

Chapitre 13

    Tout se passe de la même manière. Mais je ne m'en rends pas compte tout de suite. 

    Je m'éveille doucement. L'endroit dans lequel je me trouve est éblouissant. Je me retourne, couchée sur un sol mou ou comme un genre de nuage. J'ai l'impression d'être... dans le ciel ? Génial !

    J'ouvre un œil puis un deuxième, le temps de réussir à m'adapter à cette lueur d'éclat. J'observe le lointain ; il n'y a rien d'autre que du blanc, comme dans un paysage livide. Je tourne la tête vers ce qu'il devait être un plafond mais un épais brouillard aussi laiteux que dense s'impose à mes yeux. Je me redresse sur mes coudes. Mon corps n'a jamais été plus propre qu'il l'est aujourd'hui. Mes habits sont d'une impeccable blancheur. Je porte une tunique et un pantalon en une fine toile mais je suis pieds nus. Je n'ai ni chaud ni froid. En bref, je me sens hyper bien.

"Amia, je suis là."

    Je me retourne vers cette voix pure. L'endroit dans lequel je suis résonne fortement mais je trouve tout de même la direction d'où vient cette voix. Lorsque je me retourne, je remarque tout de suite un détail que je n'avais pas vu ; deux étoiles jaunes scintillent dans le vide. Ces deux magnifiques perles orangées ne me font aucunement peur. Cette couleur vive sort éblouissement du paysage nacré.

    Au centre de ces formes aspirants le blanc du lieu, se trouve, dans chacune, une petite fente noire. Ce détail que je viens d'apercevoir me fait penser à de grands yeux, comme ceux d'un animal. Je me sens comme une proie qu'un prédateur guette. Pourtant, malgré cette comparaison, je ne me sens aucunement en danger.

    J'allais me lever quand une silhouette vaporeuse vint se former autour des joyaux jaunes. Les contours se dessinent sans grande précision, comme bercer par un nuage, révélant des courbes féminines. Cette fois, je me lève pour de bon.

    La femme aux fragments qui l'ornent prend des couleurs. La couleur de sa peau devient aussi blanche que cet endroit et la robe qui la couvre en de légers voiles est d'un rose poudré. Ses cheveux noirs et ondulés descendent jusqu'à ses reins et ses ongles se teintent de poussières d'argent. Je regarde tous ces composants prendre vie et voler autour d'elle avec une lenteur sublime. Ses yeux sont toujours les mêmes et me scrutent toujours avec attention.

    Je me souviens de tout. Je suis une métamorphe, la dernière. Il faut que je me cache des morphes même si je suis bien avec eux. Sola, le Soleil, est ma déesse et moi, je suis son seul disciple.

"Tu te souviens de moi ? me demande-t-elle en s'asseyant sur une chaise d'une petite table que j'ai déjà vu

- Oui. Sola, vais-je vous voir à chaque fois que je vais dormir ?

- Non, ne t'en fais pas ! rie-t-elle doucement

- Il se passe quoi ?

- Je voulais parler avec toi car je me sens un peu seule. -elle se racle la gorge- Certes... Tu sais que des personnes cachent leur jeu ?

- Comme quelle personne ? De qui devrai-je me méfier ?

- Niko. Il n'est point celui que tu crois qu'il soit. dit-elle énigmatiquement

- C'est à dire ?

- Tu le découvriras par toi-même. Je sens que quelque chose n'est pas net chez-lui. C'est assez étrange d'ailleurs."

    Énervée de ne pas pouvoir savoir, je me rembrunis et croise les bras, debout et devant elle.

"Et vous, cachez-vous votre jeu ? Je ne vous permets pas de me faire douter de mon ami !

- Je suis une déesse ! Je ne peux pas mentir comme... ton "ami" ! Je ne peux pas te laisser dire ça ! Depuis combien de temps le connais-tu ?

- Je pourrai aussi bien vous retourner la question. Et, depuis combien de temps vous connais-je ?