Chapitre 32

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    Mes yeux s'ouvrent. Je sais que ce n'est pas moi qui les contrôle. Lorsque je me concentre, je peux voir la masse noire loin de moi. Sauf que nous avons inversé les rôles. Je suis au fond de notre crâne. La voir se retourner vers moi, une douleur au fond de ses yeux, me donne encore plus l'envie de lui donner les rennes, enfin pour l'instant. Je n'ai plus le courage de vivre dans ce tas de mensonges. Prendre des vacances, pour une seule fois dans ma vie.

    Il fait nuit mais nous voyons très bien. Nous ne sommes pas dans mon appart'. Le lit grince alors lorsque nous nous retournons. Devant se présente alors le visage de Niko. Ou devrait-on dire Pol. Il est réveillé et nous regarde. J'ai vaguement l'impression que nous venons de le surprendre. Je ne sais pas comment va réagir l'animal aux commandes mais qu'importe. Niko n'a pas fait attention à me blesser en mentant.

"Amia. Tu m'as entendu ? Je... Je suis désolé de t'avoir caché ça." baragouine-t-il en plantant son regard dans le notre

    Un grondement inhumain mais contrôlé sort de notre bouche. La lave de nos veines se déverse à présent, ne laissant plus que peine et colère. Je sais que nos yeux deviennent ardents. Il se recule alors, réalisant ce qu'il se passe.

"Tu dois te contrôler."

    C'est trop tard pour ça. Comme c'est trop tard pour s'excuser bêtement. Maladroitement, nous nous levons. Il faut dire que l'animal n'a encore jamais eu le droit de contrôler un corps, humain ou animal d'ailleurs.

"Oh merde. Je ne voulais pas que tu te mettes dans cet état. Je ne pensais pas que ça allait faire un tel choc. -nous nous approchons toujours- Je me trompe. C'est parce que je ne t'ai pas dit la vérité, c'est ça ? Tu avais le droit de savoir, certes. Mais je ne pouvais pas. Je devais garder ça un maximum secret car m'étaler sur ma vraie identité pouvait mettre le feu aux poudres. Tu dois me faire confiance ! Je sens au plus profond de moi que les métamorphes sont toujours vivants. La preuve : le message du camion provenait d'eux. -nous nous arrêtons- Mais maintenant qu'ils m'ont retrouvé, je dois fuir afin de vous protéger, toi et la meute. Je ne pouvais pas te dire qui j'étais réellement car tu allais me suivre où que j'aille. Je ne veux pas que tu passes ton immortalité à fuir."

    La forme informe se retourne à nouveau vers moi. Je m'approche donc, lui permettant d'utiliser notre voix.

"Pol, j'ai très envie de te jeter par la fenêtre après t'avoir brisé tous les os. Je ne reconnais plus l'homme familier que je pensais que tu étais. Tu es juste un menteur."

    Je reviens à ma place, étonnée ce que l'animal a dit. Nous nous ressemblons malgré qu'elle soit un peu plus violente que moi. Je n'aurai pas cassé ses os ni même le jeter par la fenêtre. Mais soit.

    Une sonnerie de téléphone résonne soudainement, nous faisant peur. Niko s'empresse de quitter ses retranchements pour le décrocher. Nous le suivons. L'animal en moi n'en a jamais touché un et essaie de l'attraper, curieuse.

    J'entends parfaitement la conversation. C'est Blanche. Une jeune femme à moitié nue se tient devant la grille. Le loup qui fait les rondes nocturnes est vite arrivé. La femme demande à me voir. Elle n'a donné aucunes autres informations.

    Désireuses de sortir de la pièce, nous laissons Niko et descendons précautionneusement les marches. J'ai l'impression d'avoir bu des litres d'alcool sans avoir tous les maux.

    Sans croiser personne et sans nous être gamelées, nous arrivons plutôt facilement en haut des marches du porche. L'animal en moi prend quelques instants à regarder autour de lui. Il hume l'air et pousse un soupir de bonheur. C'est vrai que nous sommes plutôt pas mal ici. L'air est pur, les odeurs sont délicieuses, les bruits révèlent une faune importante. Pourtant, de notre vision nocturne, nous voyons aucun animal. C'est si mystérieux !

Différente : Déréliction [Fin]Where stories live. Discover now