Chapitre 37

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    C'est incroyable. Je me suis transformée. Un esprit d'humaine dans le corps d'un dangereux félin. Ceci dit, je comprends mieux mon besoin de courir dans la nature. Les guépards sont de grands coureurs. Mon père en était fan, son stylo-plume favoris en était gravé.

    Consciente de ce que je suis, je commence à réaliser que me voilà dans un beau bourbier. Niko a vu mon état, il a dû s'inquiéter. Il doit certainement savoir. Comme un bon Oméga, il a dû le dire à l'Alpha. Si ça se trouve, ils sont déjà en chemin avec leurs torches et leurs fourches.

"C'est plutôt insolite de voir un guépard courir après sa propre queue."

    Cette voix. Celle de Niko. Il est ici. Je commence tout juste à regarder là où je me trouve. Je suis dans la petite cabane dans laquelle Niko et moi nous nous sommes battus. Une couverture est en dessous de moi. Je suis sûre qu'avec l'épaisseur de mes poils, je ne sentirai même pas que l'on me l'enlève.

    Niko est debout près de la porte, sur ses deux appuis. Il a pris toutes les précautions pour pouvoirs partir en un rien de temps. Il a peur de moi et je comprends pourquoi. Il s'est fait mordre et torturer par des gens de mon espèce. Normal que son aura soit aussi virulente.

    J'essaie de me lever. Le fait d'être quadrupède ne me dérange pas, c'est plutôt instinctif ; la masse noire approuve. Sur mes fines pattes élancées, je me trouve très grande. Le fait de sentir une chose se balancer au bout de mes fesses est très étrange. Je sais pourtant que sans elle, je ne pourrais pas garder mon équilibre. Mes longues griffes rentrent dans le duvet et j'espère ne pas l'éventrer sans faire attention.

    Niko, quant à lui, reste immobile, me regardant me lever. Je pense qu'il lutte contre sa part animale pour rester ici. Son loup est à fleur de peau et veut se terrer dans le trou le plus lointain. Je veux qu'il reste ici, je veux qu'il sache que même si j'ai changé, je suis toujours la même. On est pareils lui et moi. Nous avons changé et pourtant.

    Je m'avance. Je vois les tremblements de sa peau, les tressaillements de ses muscles. Cela doit être compliqué pour lui. Ceux de mon espèce ont brisé ses espoirs et sa vie. Il a tout perdu à cause d'eux. Je le sais. Je ne suis pourtant pas comme eux, et je pense qu'il le sait. Humaine, il me faisait confiance. Il me l'a dit. Je ne vois pas pourquoi cela changerait.

"Tu sais comment je devrais réagir. Et pourtant... Mais que fais-je ? Je ne suis pas censé cacher d'aussi grosses vérités aux Alphas. -il soupire- Je le savais depuis quelques jours..."

    Il m'a protégé en dépit des loups et de leurs valeurs de partage et du communautarisme. Pourquoi a-t-il fait ça ? J'arrive à sa hauteur. Devant lui, sur mes hautes pattes, je suis bien plus haute que lui. Le plafond de la petite cabane est en effet proche de moi. C'est une taille que je pourrais varier selon Moira.

    Moira...

"Je vois que, même sous cette forme, tu fronces les sourcils. -lentement, il pose sa main sur ma tête- Nous allons trouver une solution. Je te le promets."

    Je sens sa main s'enfoncer dans mon pelage. C'est une sensation étrange. En comparaison avec la sienne, ma peau possède une température plus élevée. C'est une brûlure glacée. Comme un flocon sous le Soleil, cette froideur part vite en laissant place à la chaleur.

    Il se dégage, me laissant sans son contact. Le suivant du regard, je le regarde sortir un énorme miroir de l'arrière d'une armoire. Il me semble vieux et est couvert de poussières. Installé à ma hauteur, je peux la voir. Cette forme, cette bête. C'est moi. L'énorme guépard, taille svelte et élancée, possède un regard aussi éblouissant que le Soleil. C'est ce même regard que la forme informe possède.

Différente : Déréliction [Fin]Dove le storie prendono vita. Scoprilo ora