Chapitre 23

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    Poussant l'éclatante porte, je me fais agresser par la lumière d'une dizaine d'écrans au mur en face de moi. Je m'adapte et peux apercevoir la fine silhouette noire de la louve qui se dessine devant la lumière. Je ne sais pas si elle nous regarde ou si elle est de dos mais je permets de m'avancer timidement.

"Je vois que tu es en bonne compagnie."

    La forte voix de la morphe à la peau sombre me fait tressaillir. Ne sachant pas à qui elle parle, je regarde Niko qui me suis de très près en plissant les yeux. Les plis de mon front sont vite détendus par un index obstiné. Je me retourne pour la voir penchée vers la gauche, en train de taper sur un clavier. Soudainement, chaque écran dévoile quatre visions de caméra. J'avale ma salive en faisant le calcul. Il y a quarante caméras dehors, à ce que j'en vois de la verdure. Et une d'entre elle nous montre un homme avec un chien en laisse et une carabine sur l'épaule. Un chasseur ordinaire je dirai.

"Il est assez loin, laissons-le. S'il devient menaçant, tu enverras un loup. lance vaguement mon ami

- Comme si je ne savais pas ce que je dois faire. Tu oublies qui je suis. réplique avec hargne Blanche, les yeux aux écrans

- Oui, souvent j'oublie. C'est peut-être mieux ainsi."

    Je suis la discussion en ne comprenant pas grand-chose. J'ai l'impression que ma présence n'est pas désirée. Il se passe quelque chose entre eux. Blanche s'énerve toute seule alors que Niko, lui, reste calme. Une tension monte cran à cran, ce qui me fait reculer et enfin coller le dos contre le torse du loup grincheux, me laissant aucune chance de m'enfuir.

"Personne n'oublie ce genre de chose ! Pareil pour toi ; tu oublies qui tu es vraiment ! s'emporte-t-elle en jetant sa souris au sol, l'explosant en plusieurs morceaux

- Blanche, ne va pas si loin. essaye Niko de la calmer, en vain

- Que je n'aille pas si loin ?! On aurait pu aller aussi loin que le bout de la Terre ! Mais tu n'as pas vu plus loin que le bout de ton nez. raille la morphe geek en levant les bras au ciel

- Je n'ai pas eu le choix ! Tu crois que j'aime faire ça ? commence à son tour à s'énerver, au point que ses mains viennent se refermer sur le tissu de mon tee-shirt

- On a toujours le choix. -elle souffle longuement- Amia, fais attention à cet homme, c'est un poison qui te ronge de plus en plus avec le temps. Maintenant, j'ai du travail, laissez-moi."

    Sa tête s'abaisse vers le sol, vers sa souris détruite, puis Blanche se retourne précipitamment, restant debout devant ses écrans. Je regarde en coin mon ami, la mâchoire crispée. Je me retourne totalement, mettant de côté la proximité avec l'homme à la peau de pêche blanche, et le pousse doucement du bout des doigts. Le regard vissé sur la jeune femme dans la lumière de ses écrans de surveillance, il se recule. Il souffle en tournant les talons lorsque je referme la porte blanche. Je croise les doigts et fronce les sourcils devant un homme qui bouillonne de l'intérieur. Que se passe-t-il ? Je n'ai absolument rien compris de ce que j'ai vu !

"Tu m'expliques ? Que s'est-il passé pour qu'elle réagisse ainsi ? Pourquoi dit-elle ce genre de chose à ton propos ? -je le vois marcher vivement vers la porte de sortie- Tu vas me laisser dans l'incompréhension ? Quand est-ce que tu me laisseras te comprendre ?"

    J'ai fini en criant, les mains tremblantes et les yeux humides. Il vacille devant la porte, la main sur la poignée.

"Quand tu comprendras que la curiosité est un vilain défaut. C'est mieux que tu ne saches pas la vérité. -il tourne la tête, me regardant toujours pas- Nous ne sommes plus en état d'alerte, je te laisse donc."

Différente : Déréliction [Fin]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant