/2/ Et les amours?

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Bazile n'a jamais cru au coup de foudre... jusqu'au jour où elle fut foudroyée sur place.
Elle rencontra Orion au mariage de sa sœur et Paul, qui était lui même déjà marié à Béatrice. Il était témoin pour son frère cadet et à l'instant précis où elle déposa ses yeux pour la première fois sur lui elle sut que c'était l'homme de sa vie. L'alliance qu'il portait au doigt lui fit également tout de suite comprendre que jamais il ne serait à elle. Et même si cela lui a fait si mal et là fait encore souffrir à chaque minute de sa vie, la jeune femme a immédiatement encaissé et accepte la chose, car il ne sert à rien de se morfondre sur quelque chose qui ne peut de toute façon pas être changée.
Et depuis ce jour elle se nourrit simplement de sa présence, de sa voix, de son odeur et s'en contente, parce qu'elle n'a pas le choix, même si elle aimerait tellement plus.
Elle aurait eu mille occasions de le draguer et de tenter quelque chose, mais Béatrice ne mérite pas ça, et Bazile a d'ailleurs trop d'amour propre pour devenir « la maîtresse » alors qu'elle voudrait tant être « la femme ».
Personne ne saura jamais rien, et elle espère simplement qu'un jour ses sentiments s'estomperont puis cesseront, une bonne fois pour toute et que peut être enfin elle puisse aimer d'autres hommes que lui...

•••••

-Et les amours alors Bazile?

Même question à chaque repas. Toujours de la part de Laura, Paul, Mathis ou Marie.
Est-ce une réelle volonté de rendre folle la jeune femme et de vouloir tester ses limites de self-contrôle pour ne pas qu'elle plante une fourchette dans l'œil à celui ou celle qui pose la question ou bien est-ce simplement pour combler leur manque plus qu'évident de conversation?
Elle s'apprête à répondre gentiment, sourire amicale aux lèvres comme à son habitude, lorsqu'Orion intervient juste avant:

-Pourquoi?

La question de ce dernier interloque tout le monde, dont Bazile qui ne s'attendait pas du tout à ça.
Mathis, qui s'était chargé de la question rituelle pour ce dîner, répond d'une manière incertaine:

-Et bien... euh... comme ça...
-Je ne sais pas mais la question est posée à chaque fois qu'on se réunit, ça a l'air donc de vraiment vous intéresser.

Laura prend le relais:

-Et bien oui ça nous intéresse, le bonheur de ma sœur compte, et à son âge il serait temps que...

Il la coupe, presque agressivement:

-A son âge? Mais elle n'a qu'un an de plus que toi que je me trompe: 27 ans. C'est bien que tu te sois mariée tôt en trouvant l'homme de ta vie tout aussi tôt mais cela ne veut pas dire que c'est tard pour les autres. Mes parents se sont rencontré à 36 ans, et ils m'ont eu à 39, et aujourd'hui ils font partie des couples les plus unis que je connaisse. Et de plus tu parles de bonheur mais on peut être heureux seul tu sais. Tout le monde n'attend pas après quelqu'un pour s'épanouir personnellement. Et pour finir de toute façon ça ne nous regarde pas. C'est sa vie privée et elle a le droit de garder ça pour elle. Peut-être est-elle en couple depuis des années sans qu'on le sache, peut-être est-elle lesbienne, asexuelle, ou simplement célibataire oui. Qu'est ce que cela change? Savoir qui elle se tape change-t-il quelque chose au goût de ce repas?... Non. Il ne me semble pas.

Le froid qui s'est installé autour de la table a saisi chaque convive, en particulier Laura a qui il s'adressait directement, et Bazile qui a regardé ça avec la plus grande fascination hypnotique, incapable de retirer son regard de l'homme devant lequel elle aimerait actuellement s'agenouiller pour avoir osé dire ce qui bouillonnait depuis si longtemps en elle.

C'est finalement la femme d'Orion, Béatrice, qui brise ce silence insupportable:

-Mais... enfin Orion... qu'est ce qui te prends?!

Laura se lève en se raclant la gorge:

-Je vais apporter le fromage...

Bazile Où les histoires vivent. Découvrez maintenant