/93/ Ce que Laura a dit

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Bazile git sur le sol de son propre appartement, baignant dans son sang, le visage difforme et le corps inerte.
Orion est toujours sur elle, les mains griffées, les phalanges ouvertes et le nez ensanglanté.
Ils se regardent.

Bazile ne ressent rien. Plus rien du tout. Ni de tristesse, ni de colère, ni même de désespoir.
La douleur physique est bien trop intense pour laisser de la place à la douleur psychique. Elle ne peut plus penser à rien, son cerveau n'en lui laisse pas l'occasion, simplement trop occupé à essayer de survivre.
Alors tout ce que lui dit Orion ne lui fait rien, parce qu'elle n'entend rien d'autre qu'un bourdonnement assourdissant.

-Tu te rappelles quand Laura a dit que tu finirais seule? Et bien regarde. Tu es seule. Seule. Toute seule...

En réalité, en cet instant Bazile n'a pas la sensation d'être seule puisqu'elle ne pense à rien, n'éprouve rien.
C'est Orion qui est seul. Vraiment seul. Il parle seul, et lorsqu'il aura finit ce qu'il est en train de faire, son secret le rendra encore plus seul qu'il ne l'a jamais été...

-Allez grosse pute, crève maintenant.

Et en disant ces mots il la saisit de nouveau par la gorge pour finir de l'étrangler. Et tout en serrant ses doigts, il relève sa tête et provoque un mouvement de choc contre le sol pour frapper l'arrière de son crâne contre le parquet.
Et il recommence, puis de nouveau, et encore, sans cesser jamais la pression sur sa trachée.

Finalement, lorsqu'il arrête enfin et la lache, il a frappé son crâne plus de vingt fois contre le sol. Le parquet est recouvert d'une flaque de sang qui forme une auréole autour de la tête d la jeune femme, tel un ange. L'arrière de son crâne est fracturé et le parquet fissuré. Le liquide rouge s'insinue avec plaisir entre les lattes.

A cause du sang sur son visage, la couleur de sa peau n'est pas visible, mais si ça avait été le cas Orion aurait vu une couleur pourpre, proche du mauve et même du bleu.

Ses yeux sont ouverts, fixant le néant, tout comme sa bouche... et son crâne.

Elle n'est pas reconnaissable.
Mais son corps nu a étrangement gardé sa beauté et sa vie, comme si elle était simplement endormie. Sa peau est laiteuse, fraîche et rosée. Sa peau a l'air douce. Mais au dessus des épaules, rien ne ressemble à un humain, pas même à une bête.

Bazile est morte.
Orion l'a tuée.

Elle qui aurait donné sa vie pour lui, ne pensait pas que cette promesse prendrait cette tournure. Et pourtant c'est exactement ce qu'il s'est passé. Elle est morte, pour sa vie à lui.

Bazile Where stories live. Discover now