-... A partir de maintenant si tu veux rester dans une cave alors reste-y! Personne ne te retiens! Et certainement pas moi!
Après la bombe que vient de lâcher Laura, un silence de mort saisit l'assemblée. Les yeux fixent Bazile, attendant sa réaction que chacun imagine déjà tellement explosive. Tout le monde est près à les séparer si elles en viennent au mains, ce qui ne manquera certainement pas d'arriver.
Les deux sœurs se fixent d'un bout à l'autre de la pièce.
Laura a les poings serrés, le visage crispé de colère et le cœur battant à mille dans sa poitrine. Jamais elle n'aurait pensé dire de telles choses mais tout est sorti d'un coup sans qu'elle puisse se retenir.
C'est la première fois qu'elle se met dans un état pareil. Même enfant contre sa sœur elle n'était jamais allé aussi loin.
Les secondes passent, le temps s'étire, et Bazile reste silencieuse, jusqu'à ce que finalement elle entrouvre lentement les lèvres et dise d'un ton très calme, ce qui surprend encore plus tôt le monde:
-Tu as raison. Je n'aime personne d'autre que moi.
Et sur ces mots elle se lève et doucement fait le tour de la table pour partir. Mais juste avant de quitter la pièce elle se retourne une dernière fois vers sa cadette:
-Si tu m'avais dit ça plus tôt tu nous aurais évité à toutes les deux un temps précieux, toi à me supporter et moi à venir à tes dîners...
Elle part et attrape son manteau au passage avant de claquer la porte. Au meme instant Laura monte en courant les escaliers pour aller s'enfermer dans sa chambre.
-Oh-mon-dieu! Mais que vient-il de se passer au juste là?! lâche enfin Marie qui retenait sa respiration sans s'en apercevoir.
Paul balbutie une réponse:
-Je... euh... je suis vraiment désolé je...
Béatrice frémit:
-Bazile... il faut peut être aller la voir avant qu'elle ne parte vous ne croyez pas?!
Orion pose sa main sur celle de Béatrice pour la calmer et la rassurer:
-J'y vais. Restez ici je reviens. Tu as raison: l'alcool et les émotions ne sont pas une bonne idée pour prendre la voiture en pleine nuit alors qu'il vient de se mettre à pleuvoir.
Il se lève et se met à trottiner vers l'entrée. Il sort et en effet il s'est mis à pleuvoir. Il ne fait plus suffisamment froid pour que l'eau devienne de la neige, mais assez pour que chaque goutte sur la peau soit une torture et Orion n'a pas eu le temps de prendre son manteau.
Le temps de rejoindre Bazile qu'il marche d'un pas vif vers sa voiture il est déjà trempé et frigorifié.
-Bazile. Bazile attends.
Elle ne l'écoute pas alors il la rattrape par le bras pour la tourner face à lui.
-Lache-moi c'est bon. Je veux juste rentrer chez moi là. De toute façon tu as entendu: je n'aime personne, donc ne prends pas la peine de te soucier de moi.
