/99/ Quatre hochements

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-Monsieur et Madame Myler? Monsieur et Madame Kravitch?

Presque simultanément les quatre têtes se hochent.
La femme en blouse blanche fait un signe de tête respectueux et désolé puis dit:

-Suivez moi s'il vous plaît.

Ce qu'ils font.
Ils longent deux couloirs et entrent dans une petite pièce carrelée et froide.
Une table en métal en son centre recouvert d'un drap blanc à la forme humaine la recouvre.
La médecin légiste les laisse entrer et referme la porte puis se place de l'autre côté de la table.

-Je sais qu'on vous l'a déjà dit, mais sa vision va être difficile. Sachez qu'une seule personne peut suffire pour l'identifier, et si c'est bien elle alors vous pourrez toujours la revoir une fois maquillée et vêtue...

Sylvie dit aussitôt d'un ton presque agressif:

-Oui! Nous voulons être ensemble! Tous les quatre!

Les autres acquiescent et la femme soupire doucement avant d'attraper le haut du drap et de le descendre simplement jusqu'aux épaules.
Aussitôt, Laura pousse un cri étouffé et se tourne contre son mari qui la prend alors doucement dans ses bras. Lui même détourne immédiatement le regard, incapable de tenir cette vision. Henri baisse la tête, la mâchoire et les poings serrés en murmurant « Seigneur Dieu ».
Il n'y a que Sylvie qui continue de regarder sa fille, allongée nue sur cette table froide, le visage presque méconnaissable. Mais elle l'aurait reconnu peu importe comment.
Elle s'approche alors et arrivée à sa hauteur lève doucement une main vers son visage qu'elle frôle comme une caresse mais ne touche pas. Des larmes silencieuses coulent sur ses joues et elle dit tout doucement, de manière presque inaudible:

-Je suis désolée... tellement désolée ma chérie. Je suis... désolée...

Elle continue de la regarder plusieurs longues secondes et finalement la doctoresse prend la décision de reposer le drap sur ce visage que personne ne voudrait avoir comme dernier souvenir de quiconque.
Henri s'approche de sa femme et enlace son bras autour d'elle et ensemble reculent. Il articule, emplie de colère:

-Que lui est-il arrivé? Précisément! Je veux savoir, j'ai besoin de savoir!

La femme se racle la gorge avant de répondre:

-D'après les lésions situées au niveau des parois de son vagin, de ses ongles cassés et des hématomes sur son corps, il est plus que probable que votre fille ait été violée...

A ce mot s'en est trop pour Laura qui manque de s'évanouir, rattrapée aussitôt par Paul qui dit:

-Nous... nous allons sortir, cela vaut mieux...

Paul et Laura quittent la pièce et aussitôt Henri l'invite à poursuivre:

-Continuez.
-Elle a été frappée au visage par ce qui semble des coups de poings. La fracture à l'arrière de son crâne démontre qu'il s'agit soit d'une chute violente, si on l'a poussée par exemple, ou plus probablement qu'elle ait été frappée contre le sol.
-C'est... ça qui l'a tuée? demande fébrilement Sylvie.
-Non... elle est morte d'asphyxie. Elle a été étranglée. Mais... cela n'a été que l'achever. Même sans ça elle n'aurait pas survécu, mais aurait peut-être agonisé des heures.
-Mais elle a souffert!
-...Oui... Je suis désolée...

Bazile Where stories live. Discover now