Ce mot est une lame embrochant le cœur de Bazile qui revient alors immédiatement à la réalité. Orion retire ses doigts et la jeune femme remet aussitôt sa culotte et sa robe en place.
-On arrive! articule Orion, puis il se tourne vers Bazile et murmure: Tes joues sont rouges. -C'est le froid, et le vin. C'est ce qu'ils croiront du moins...
Elle s'apprête à quitter le balcon mais il la rattrape une dernière fois par le poignet.
-Attends.
Il lève ses deux doigts trempés devant la bouche de la jeune femme. Elle les regarde une seconde, puis retourne à ses yeux en ouvrant les lèvres. Il y glisse son index et son majeur et elle se met à les sucer lentement pour en retirer la cyprine, puis, sentant l'un comme l'autre qu'ils sont en train de se faire désirer par les autres qui vont commencer à se poser des questions, ils retournent à l'intérieur.
-Bazile mon dieu! Tu vas attraper la mort comme la dernière fois si tu continues. Tu es si pâle et tes pommettes sont si rouges! Tu as l'air d'avoir chaud en plus. A tout le coup tu as attrapé froid encore une fois! -Je vais bien Laura. C'est simplement le vin. -Depuis quand ne tiens tu pas deux verres de vin toi?...
Bazile n'ajoute rien et retourne à sa place, tout comme Orion. Le dessert est servi, mais Bazile n'a pas faim, ou du moins que de cet homme assis en face d'elle qu'elle aimerait dévorer. Il lui a donné du plaisir mais elle n'a pas eu le temps d'arriver au sommet de son plaisir et s'en sent particulièrement frustrée, mais paradoxalement également heureuse de ne pas tout de suite avoir eu totalement ce qu'elle voulait. Le dessert est servi ainsi que de nouveaux verres de vins.
Contre toute attente, Bazile prend la parole, ce qu'elle ne fait jamais:
-Avant-hier nous avions un nouveau sondage pour le magazine que nous proposions à nos abonnées. D'habitude cela parle toujours de cosmétique et de beauté mais celui là était différent et même si nous redoutions un peu la réaction de nos lectrices, ce fut au contraire un véritable succès. -De quoi parlait ce sondage. -De sexe.
Laura change de couleur pour devenir aussi pâle qu'un linge et se fige, sa petite cuillère restant en suspens entre la table et sa bouche. Le silence devient assourdissant et soudain, venant du nul part, la voix de Marie:
-C'est amusant. C'était quel genre de question?
Laura se tourne aussitôt vers sa belle-soeur:
-Mais Marie enfin... Bon je suis vraiment désolée Bazile a vraiment trop bu ce soir, c'est une certitude.
Bazile lève les yeux au ciel et boit une nouvelle gorgée de vin:
-Non crois moi je n'ai pas « trop » bu. Le « trop » c'est pour quand on est à quatre pattes dans les toilettes, là c'est adapté. On voit bien que tu ne m'as jamais vu vraiment saoule toi pour dire ça... -Et bien excuse moi mais non en effet je n'y tiens pas vu comment tu te comportes déjà si tu n'es pas « vraiment saoule »!
Paul intervient soudain, choquant tout le monde qu'il ose le faire.
-Laura arrête. Ta sœur n'a rien fait. Nous sommes des adultes, nous pouvons dire et entendre le mot « sexe » sans nous mettre dans tous nos états tu ne crois pas? Bon vas-y Bazile, nous t'écoutons, continue...
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