L'anniversaire de Laura ressemble aux 26 précédents. Bazile y a toujours assisté, elle n'en a jamais loupé un, et pourtant dieu sait que l'envie ne lui en manquait pas, mais après tout c'est sa sœur et c'est son anniversaire alors elle s'y sent obligée d'une certaine manière. Et de toute façon qu'elle leçon recevrait-elle de la part de ses parents si elle osait ne pas venir, même avec une bonne excuse!
-Les robes te vont bien, tu as eu raison d'arrêter de mettre ces affreux pantalons, ça faisait tellement... masculin.
Bazile sourit à son beau-frère en toute réponse à cette réflexion, s'empêchant de lui balancer le contenu de son verre au visage.
Paul continue:
-Au fait, très joli le coeur avec les petits anges.
-Merci.
Sans doute hypocrite histoire de parlé, mais elle ne lui en veut pas, cet objet de décoration est définitivement ignoble.
-Bazile.
Sa mère lui fait signe d'approcher, elle s'exécute, ne sachant pas quel est le pire entre la compagnie du mari de sa sœur ou de sa génitrice.
-Maman?
-Ou as-tu acheté le cadeau de ta sœur?
Aïe, les critiques vont commencer à pleuvoir.
-Dans une boutique de décoration près de chez moi.
-Il faudra que tu m'y emmènes, j'aime beaucoup!
Wahou. Que lui arrive-t-il?
-Ah oui?
-Oui oui c'est très joli...
Comme quoi, plus c'est laid plus elle aime. Ça doit expliquer son collier.
-... enfin même si tu n'as pas dû acheter ça bien cher.
Évidemment. C'était trop beau.
-En fait je l'ai payé près de 90€.
La femme hausse un sourcil une fraction de seconde et se reprend aussitôt:
-Je t'ai déjà dit que ça ne se faisait pas de dire le prix d'un cadeau! Tu veux toujours tout ramener à toi c'est insupportable!
-Quoi?! Mais maman c'est toi qui...
Elle la coupe:
-En tout cas c'est bien mieux que ce que tu lui as offert l'année dernière!
-C'était un livre sur la charge mentale.
-Ah oui voilà. Encore tes histoires de féminisme!
-Je trouvais ça très adapté à la situation de Laura.
-Oh arrête hein! Elle est mère au foyer, c'est son travail de s'occuper de la maison, de son mari et des enfants. Comment crois tu que j'ai fait moi?
-C'etait une autre époque. Et d'ailleurs oui: ça n'était pas insupportable parfois d'avoir tout le temps à t'occuper de nous deux?!
-Je suis votre mère, qui d'autre l'aurait fait sinon.
-Oh laisse moi réfléchir une seconde... papa par exemple.
Sylvie lève les yeux au ciel sans cacher son agacement.
-Tout le monde ne veut pas ta vie Bazile.
-Mais tout le monde veut m'en imposer une autre...
Sylvie fusille sa fille du regard une instant et ouvre la bouche mais alors Orion apparaît à leurs côtés.
-Comment allez vous?
-Je vais bien merci. Je vais aller voir mes petits enfants. Ceux que l'une de mes filles a eu la gentillesse de me donner en tout cas, dit-elle avec un regard clair à Bazile avant de disparaître dans la foule présente dans le salon.
