IX 12 - Loup, y es-tu ?

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Au moins, si j'avais été malade, j'aurais pu aller réveiller ma mère et elle se serait occupée de moi alors que, pour un cauchemar, je n'avais pas le droit de la déranger.

Tic, tac, tic, tac... N'allais-je pas finir par me rendormir, à la fin ! Minuit... deux heures... tout le monde dormait, mon père, ma mère... Tous les habitants de l'immeuble dormaient paisiblement. Sûre qu'aucun monstre ne les avait emportés dans la mort. Nul n'était tracassé à part moi, pauvre bête privée de sommeil.

« Bien la peine qu'on me force à aller me coucher à huit heures du soir ! »

Tout Courbevoie dormait profondément.

« Et si j'allais quand même voir Maman et que je lui expliquais que j'ai fait un cauchemar vraiment très gros ?

- Elle me dirait de retourner me coucher. »

Mon cœur dépassa de vitesse le tic-tac du carillon. J'avais besoin de rester immobile pour me rassurer, pour que le monstre passât son chemin sans faire gaffe à moi. J'aurais pu, à la limite, trouver le courage de me lever, au nez et à la barbe du monstre, à condition de m'enfuir très vite et aller me réfugier très vite auprès de mes parents. Par contre, si, arrivée là, j'étais obligée de revenir seule dans ma chambre où m'attendait le monstre... me jeter dans la gueule du loup...

C'est une expression, bien sûr. Le loup, je n'en avais pas peur comme d'un monstre puisque c'est un animal. C'est ma mère qui avait peur du loup, quand elle était petite ; pas moi.

Ma mère m'a souvent raconté qu'autrefois, quand elle devait aller se coucher, elle avait toujours peur qu'un loup fût caché sous son lit. Drôle d'idée ! Alors, elle s'accroupissait et vérifiait sous son lit qu'aucun loup ne s'y trouvait. Après, elle pouvait dormir tranquille.

Alors que moi, si j'avais supposé qu'un monstre eût pu se cacher sous mon lit, je me serais bien gardée d'y passer la tête, par crainte de me trouver nez à nez avec lui et qu'il me sautât au visage.

« Trouillarde ! »

Tic, tac. Tic, tac...

« Si tu regardais partout dans ta chambre, après, tu serais tranquille. Tu pourrais dormir.

- T'as pas trouvé parce que t'as mal cherché. Tu regardes jamais là où il faut. »

C'est le reproche que ma mère me faisait tout le temps - en plein jour - quand je perdais mes affaires.

« Alors, si je me lève pour chercher le monstre et que j'en vois pas, ça prouvera pas qu'y en a pas ; parce que p'têt que j'aurai pas regardé au bon endroit.

- Cherche en toi là où tu me perçois ! »

DATE ET LIEU DE NAISSANCEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant