IX 27 - Les carottes sont cuites

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Finalement, je commençais à me demander si mon idée, à moi, ne valait pas mieux que ces bêtises qu'il me citait.

En conclusion de son explication, mon père me signifia que le sexe et la drogue sont deux forces qu'on ne pourrait m'accorder que dans la mesure où j'en aurais une troisième à mettre en avant... mais que si je n'en voyais pas d'autre, c'était « pas grave ma p'tite cocotte », que je pouvais tout aussi bien me ranger aux valeurs de mes aînés, que je n'avais pas-à-m'en-faire-Papa-est-là et tout et tout.

Je le voyais venir, avec ses gros sabots ! Il croyait peut-être que je n'avais aucun atout dans mon jeu, qu'il ne me restait plus qu'à me coucher et me rallier au cri de guerre des adultes : travail ; famille ; patrie. D'abord, le sexe et la drogue, je m'en fichais, je ne savais même pas ce que c'était.

Gardant le dos raide et les bras croisés, je pris une petite voix attendrie (comme on prendrait pour évoquer un clair de lune à Maubeuge) et demandai :

« Tu t'rappelles des gentils loubards du bal de Cesson-la-Forêt ?

- Gentils ! Gentils ! ronchonna-t-il en secouant la tête.

- Si j'dis qu'mon monde, c'est l'rock n roll, ça compte juste ? »

Voyant mon père adopter le même faciès que lorsqu'il se retrouvait avec le valet de pique en main à la fin d'une partie de pouilleux, je gardai les bras croisés un dernier instant et demandai aimablement :

« Ça y est, maintenant ? La chèvre rousse peut danser avec ses amis ?

- Ses amis ? Mais qui sont les amis de la chèvre rousse ?

- Mais si ! Tu sais bien : ses trois amis à la queue en tire-bouchon. »

« Qui craint le grand méchant loup

« C'est p'têt vous,

« C'est pas nous...

DATE ET LIEU DE NAISSANCEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant