II 7 - Le grand patron

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En bref, j'avais beau être issue d'une famille chrétienne, entre un curé qui disait des trucs incompréhensibles, une prof de caté qui était hors sujet et des frère et sœur qui oubliaient le principal, j'étais plutôt mal barrée. Que faire ?

Finalement, il arriva qu'une suggestion pertinente émanât d'un quelconque blabla de grandes personnes et heurtât mon oreille :

« Mieux vaut s'adresser au bon Dieu qu'à ses saints ! »

Évidemment ! Pourquoi tourner autour du pot ? Le mieux placé pour parler de Dieu, c'est Dieu. Toute information qu'on aurait dû me donner à son sujet, c'est son adresse, son numéro de téléphone...

On ne peut jamais ni le voir ni l'entendre. C'est bien pour ça, d'ailleurs, que les non-chrétiens ne croient pas en lui. Et nous, chrétiens, pourquoi on y croit ? Parce qu'on a un livre qui raconte que des gens l'ont vu et entendu il y a très longtemps ? Pourquoi eux et pas nous ? Parmi les milliards de vies humaines qui se sont succédées depuis la nuit des temps jusqu'à nos jours, pourquoi Jésus n'est-t-il venu qu'une seule fois se faire douze copains ?

Ma grande sœur disait que, pour parler à Dieu, il faut prier. Tous les soirs, avant de se coucher, elle se mettait à genoux devant son lit pour faire sa prière du soir. Elle disait que c'est comme ça qu'il faut faire.

Moi, je trouvais que ça ressemblait à une corvée, alors je ne le faisais pas. Et puis, d'abord, je ne savais pas quoi dire, je ne savais pas si ce serait entendu... ce que je voulais, c'était que ce fût Dieu qui me parlât.

Ma grande sœur me donna des conseils, des techniques pour communiquer avec Dieu dans mon monde onirique. Suivant ces préceptes, il m'arriva, en effet, de faire des rêves ayant pu m'être inspirés par le Dieu des chrétiens.

C'est ainsi qu'une nuit (je ne sais plus à quel âge), je rêvai que j'étais une étoile. Ça ne veut pas dire que j'étais une planète observable par les astronomes. Ça ne veut pas dire non plus que j'étais un être surnaturel. Non. J'étais seulement moi-même... mais avant de naître. C'était un rêve postmonitoire qui me racontait ma naissance.

J'étais dans le ciel et je descendais vers la terre pour y vivre. J'arrivai à une distance de la terre telle que mon regard embrasa toute l'étendue du pays vers lequel je me dirigeais.

De là, je vis se dresser, comme un hologramme, l'image gigantesque d'un buste d'homme, posé sur la terre (ou sortant de terre). Il était presque aussi grand que l'étendue du pays et cela indiquait qu'il en était le souverain.

En face de lui, il y avait un peuple d'hommes et de femmes tremblants, agenouillés, les bras et les jambes enchaînés à la terre. Ils criaient le nom du roi :

« Hérode ! »

On me demanda de reconnaître que j'avais bien vu et bien entendu, genre :

« Tu ne pourras pas dire que tu n'étais pas prévenue ».

Oui, ben j'étais née, déjà. Qu'est-ce qu'ils voulaient ? Je n'allais pas faire machine arrière. De toute façon, c'était juste un rêve, juste pour voir. En plus, ce grand roi devant qui tous tremblaient, il avait une tête que je connaissais bien : c'était mon papa, pour de vrai. Alors, je n'avais rien à craindre de lui.

DATE ET LIEU DE NAISSANCEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant