III 3 - Mon espace

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La fenêtre de ma chambre donnait sur la caserne de gendarmerie, située de l'autre côté de la rue. Les gendarmes étaient gentils : tous les matins, dans leur cour, ils organisaient des rondes pour me distraire. J'assistais au spectacle depuis ma fenêtre.

Plus tard, la caserne fut démolie et de grandes et belles tours furent construites à la place. Elles étaient équipées de tout le confort moderne : ascenseurs, appartements moquettés, chauffage électrique dans chaque pièce... c'était ce qu'on appelle des Habitations à Loyer Modéré.

Depuis ma fenêtre, je vis aussi se construire, au loin, sur la droite, les grandes tours de la Défense.

Il y avait toujours, dans Courbevoie, des endroits pleins de poussière, de marteaux-piqueurs et de grosses-mains. Fréquemment, l'érection d'une grue nous annonçait, ici ou là, la naissance d'un nouveau chantier. De la poussière jaillissait le béton.

J'étais bien, dans ma chambre, bien mieux qu'à l'école. J'y ai passé les cinq premières années de ma vie et j'étais heureuse.

Dans la journée, Papa était au travail ; mon grand frère et ma grande sœur étaient au lycée ; Maman vaquait à ses occupations et moi, je passais le plus clair de mon temps dans ma chambre. C'était mon royaume. J'étais libre et en paix.

Maman ne me surveillait pas parce qu'elle savait que je ne faisais pas de bêtises. La confiance est un bien précieux, source de sérénité et d'équilibre. Je n'étais jamais seule non plus. J'allais voir Maman si j'avais besoin qu'elle réponde à une question ou qu'elle m'aide à faire quelque chose et lorsqu'elle venait dans ma chambre, je la recevais avec grande joie.

Il en allait de même de tous les autres membres de ma famille. Quand quelqu'un venait dans ma chambre, c'était bien souvent pour jouer avec moi et je m'en faisais une fête. La famille avait le grand bonheur de posséder une maison de poupées et j'en étais la reine.

DATE ET LIEU DE NAISSANCEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant