X 13 - Trop grands pour Cesson

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Et puis, de toute façon, pour ma mère, les paroles de Nani, c'était comme les paroles du bon Dieu. Si Nani disait que le bonheur était à Courbevoie, sa mère n'allait pas tarder à reprendre en chœur avec elle.

Je connaissais la chanson ! Maman disait qu'il fallait penser un peu à moi et rester à Cesson pour moi mais, vu comme c'était parti, dans deux jours, on allait boucler les valises sans me prévenir et Maman allait recevoir mon étonnement sèchement, genre :

« Tu peux pas penser un peu à tes frère et sœur, non ! On rentre à Courbevoie. »

Je pris les devants :

« Bon, ben c'est pas grave. J'ai bien profité de Cesson en juillet, on n'aura qu'à passer le mois d'août à Courbevoie.

- Mais non, ma p'tite Doudoune, répondit Nani, on veut pas te priver de tes vacances. C'qu'on voudrait, Caki et moi, c'est rentrer à Courbevoie juste nous deux.

- Ah ! non, vous n'allez pas commencer ! cria la voix de Maman. On passe les vacances tous ensemble.

- T'avais dit que, quand on s'rait majeurs, tu nous laisserais les clefs de l'appartement de Courbevoie. »

Cette objection commune de Caki et Nani fit sortir Maman de sa cuisine. Elle arriva, le visage tout rouge, en criant :

« Fichez-moi la paix avec ça ! Vous aurez le droit de passer les vacances de votre côté quand vous aurez vingt-et-un ans. C'est ce qui était prévu. Vous le savez très bien. »

C'était donc ça, le fin mot de l'histoire ! Effectivement, l'été précédent, ma mère avait souvent dit à Caki et Nani :

« Quand vous serez majeurs, on vous laissera les clefs de l'appartement. Vous pourrez passer les vacances de votre côté. »

Elle l'a dit. J'en suis témoin ! Cependant, elle ne se doutait pas alors que l'âge de la majorité allait passer à dix-huit ans. Et voilà que Caki et Nani étaient majeurs plus tôt que prévu !

« On vous paye des cours d'auto-école. Alors, estimez-vous heureux ! »

Comme Caki et Nani faisaient la moue, Maman ajouta pour les distraire :

« Eh ben, tantôt, vous aurez qu'à faire une promenade en vélo. »

Soupirs... yeux levés au ciel... insistance maternelle :

« Prenez donc les raquettes et allez jouer au badminton sur la place Firmin Mercier !

- Tu veux nous dégoûter de notre enfance ? »

lança Caki, avant de détourner la tête en prenant un air altier.

« C'est pus d'notre âge ! »

Sur cette dernière petite plainte de Nani, Maman retourna dans la cuisine en haussant les épaules. Midi approchait. 

DATE ET LIEU DE NAISSANCEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant