56 - Sincérité

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Bannice n'était pas aussi bon qu'il l'avait cru, et que celui-ci laissait croire. Contre deux chefs de garde, il était en difficulté. Même si d'autres gardes à lui l'avaient rejoint, qu'ils étaient sur Allan à tenter de le maîtriser, ils n'y arrivaient pas. Allan les mettait à terre avant d'aller prêter main forte à Yvan qui s'en sortait très bien.

-Yvan, l'appela Allan. Sors de ce combat. Bannice veut se battre contre moi. J'y arriverai, assura-t-il devant les regards inquiets.

Les gardes qu'il dirigeait avaient la rage, ils voulaient aider leur chef de garde, même si, il n'était pas en difficulté. Ils le respectaient, et admiraient ce calice qui les avait fait devenir plus fort. Les entraînements intensifs avaient eu le mérite de les endurcir et leur rappeler que rien n'était gagné à l'avance. Se remettre en doute continuellement, c'était ce qui les faisait avancer. Ils n'attendaient qu'un seul mot, un seul ordre et ils lui montreraient que ses entraînements avaient eu du bon. Ils voulaient montrer à leur chef de garde, mais aussi leurs dirigeants qu'ils étaient en capacité de les défendre et, que plus que jamais, ils voulaient les servir.
Yvan se redressa et sortit du combat, rejoignant les rangs et s'approchant de Lucas. Bannice se redressa lui aussi en prenant son souffle. Il leva la main et alors, les gardes qui avançaient vers Allan se stoppèrent.

-On va voir ce que tu as dans le ventre, calice, grogna-t-il.

Alors, leur vrai combat équitable commença. Bannice se défendait mieux contre une seule personne, il n'était plus acculé. Il rendait même les coups. Cependant, il n'arrivait pas à battre Allan. Il devait donc se rendre à l'évidence, sa puissance était inférieure à la sienne. Ce constat enragea Bannice. Il ne pouvait rien faire contre les couteaux de son adversaire qui sifflaient tout près de ses oreilles. Alors, plutôt que d'essuyer une défaite, il fit signe à ses hommes de s'en prendre à Allan. Cependant, Bannice eut le temps de tomber au sol inconscient. Allan ayant senti des vampires se diriger vers lui, il s'était retourné et, avec la même expression, les avait battu. Il n'eut pas le temps de se reposer qu'il vint en aide à ses alliés.
Des pas pressés se rapprochèrent de lieu de combat. La personne courrait, à côté des corps, sans même les regarder, elle traçait. Un vampire s'élança dans sa direction, mais Noctem le bloqua et défendit le calice blond.

-Je vais vous couvrir.

Face au sourire rassurant du chef de garde, Antoine reprit sa course. Il devait rejoindre Adrien.

-Qu'est-ce qu'on a là ?

Allan envoya l'un de ses couteau en direction de Bryce qui l'esquiva pour détourner son attention d'Antoine.

-A terre, calice.

Ses yeux n'avaient pas lâché ceux d'Allan, et pourtant, les jambes d'Antoine cédèrent sous la pression de sa voix. Elle était comme dans ses souvenirs, d'une douceur abominable. Résistant à cet appel puissant, il se redressa et reprit sa course, aidé par Noctem. Le chef de garde veilla à sa sécurité dans sa foulée. Bryce soupira en voyant qu'il lui échappait.

-Etrangement, je le savais.

Le calice et le chef de garde disparurent dans la maison. Ils trouvèrent sur le sol de la chambre un vampire baignant dans une petite marre de sang. Antoine en eut les larmes aux yeux. Il s'excusa à de nombreuses reprise en laissant ses jambes tremblantes lâcher tout près de lui.

-Je vais bien Antoine, assura-t-il dans un grognement.
-Alors pourquoi tu ne guéris pas ? demanda-t-il.

Ses mains chaudes avaient encadré le visage froid et pâle de son vampire. L'inquiétude dansait dans ses yeux.

-Tu m'as manqué, murmura-t-il en ignorant sa question.

La tête d'Adrien s'approcha de son ventre, et il fut rassuré en se collant à lui. Il entendait les petits battements de cœur de leurs deux enfants et les légers coups qu'ils lui donnaient. Il pouffa en les sentant aussi agités mais soupira de bonheur. Il n'avait plus mal à côté de cet homme qu'il aimait.

-Il a besoin de sang, avoua Noctem qui les observait avec émotion.

Antoine se tourna vers lui, sortant de la vision merveilleuse qu'il avait sous les yeux. Adrien était heureux de le retrouver, lui et leurs bébés. Il avait l'air si serein, là, collé contre son ventre, son nez s'y frottant légèrement.

-Adrien, l'appela-t-il.

Celui-ci ouvrit légèrement les yeux et le regarda à travers ses cils, des larmes menaçant de déborder de ses yeux. Il approcha son poignet de son vampire et l'incita à s'y accrocher.

-Bois, tu as besoin de mon sang.

Il secoua faiblement la tête, quelques larmes roulant sur ses joues.

-Non Antoine, tout ce dont j'ai besoin, c'est de toi.

Le calice blond sentit son cœur battre plus fougueusement, ses mots le percutant complètement.

-Moi aussi, j'ai besoin de toi Adrien. Alors bois mon sang et guéris. Je ne veux pas te perdre.

Ce fut au cœur du vampire d'en faire des siennes. Là, sa tête lovée contre son ventre, au plus près de ses bébés et de son calice, il se sentait vivant. Il voyait le passé disparaitre et un beau futur s'offrir à eux. Ce n'était pas possible autrement. Alors, ses yeux virant au rouge, il attrapa le poignet délicat de l'homme qu'il aimait et l'embrassa doucement. Ses dents pointues frôlaient cette peau si sensible et faisaient naître de nombreux frissons au calice. Après quelques secondes, il osa plonger ses crocs dans cette chair adorée qui lui avait tant manquée. Il prit le temps d'en savourer le goût. Il avait l'impression de ne pas avoir goûté à ce sang depuis de nombreuses années. Il en était fou et purement dépendant. A une autre époque, cela l'aurait effrayé, mais, avec le temps et la maturité, il en était heureux. Surtout que ce lycéen blond lui avait bien fait tourné la tête et surtout, en bourrique ! Mais, il ne regrettait pas de l'avoir trouvé. Sous le regard attendri de son calice, ses plaies se refermèrent doucement, au fur et à mesure qu'il se nourrissait de son sang. N'ayant pas bu de sang depuis un certain temps, il se sentit rapidement rassasié.

-Tu ne bois pas plus ? demanda Antoine inquiet en voyant Adrien éloigner ses canines de son poignet.

Le vampire garda pourtant le poignet de son calice tout près de ses lèvres et l'embrassa longuement et amoureusement.

-Je t'aime, murmura-t-il en le regardant.

Les joues d'Antoine rosirent. Il ne s'attendait pas à ce qu'Adrien lui avoue ses sentiments, comme ça, alors qu'ils venaient de se retrouver. Cela le rassura pourtant et il sentit une douce chaleur se répandre dans son corps. Il papillonna quelques secondes des yeux avant de fuir ce regard sombre intense.

-Je t'aime aussi Adrien, murmura-t-il.

Ce fut au tour d'Adrien de papillonner des yeux. Son souffle s'était coupé et son corps s'était figé. Il observait l'homme qu'il aimait, ses adorables joues rosées, ses yeux pâles qui le fuyaient et ses beaux cheveux blond plus au moins soignés. Il arrivait à en voir toute sa sincérité.

-Répète-le s'il te plait.

Antoine ne s'attendait pas à ça. Il était si surpris que ses yeux plongèrent dans ceux si beaux de son vampire. Il semblait indécis, embarrassé un instant puis déterminé de l'autre. Après de nombreuses secondes il baissa la tête. Puis, il la releva légèrement et se pencha vers Adrien. Leurs lèvres se frôlèrent et leurs yeux se fixèrent.

-Je t'aime, répéta-t-il.

L'instant d'après, il fondit sur sa bouche. Leurs lèvres s'épousèrent avec délicatesse. Tendrement, leurs mains se baladaient sur le corps de l'autre, s'assurant qu'il était bien là et qu'il ne rêvait pas. Ce baiser était si bon que, leurs yeux s'étaient fermés lorsque leurs lèvres s'étaient touchées. Puis, lorsqu'elles s'étaient détachées, leurs peaux étaient restées collées, prolongeant cet instant de sérénité. Ils sentaient une connexion les transpercer, leur lien brillait, l'autre, créé par l'imposteur, disparaissait. Il n'y avait plus qu'eux, heureux de s'être retrouvés. Dehors, la bataille faisait encore rage. Mais, ils s'étaient retrouvés après si longtemps, ils ne voulaient plus y retourner. Ils préféraient rester cachés, à s'aimer et profiter de leur bonheur. Pourtant, la réalité devait bien les rattraper.

-Nous ferions mieux d'y aller, ils sont en mauvaise posture.

La peur les rattrapa. Ils étaient peut-être là, mais si les autres ne s'en sortaient pas, ils n'y arriveraient pas. Leurs yeux se croisèrent et ils se décidèrent.

Captivant TOME 2Where stories live. Discover now