Hors série 20.3

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Hors série n°20 – Nouvelle vie - P.D.V Thomas, meilleur ami d'Antoine, suite

Je me sentais vide, affreusement vide. Je n'avais pas d'amis, pas de famille et c'était triste d'entendre quelqu'un toquer à la porte de mon petit appartement, surtout en sachant que c'était le poète, l'avant dernière personne que je voulais voir. Je ne bougeais pas et, il finissait par partir de lui-même après avoir déposé un plat devant ma porte. Mon voisin d'en face s'empressait toujours d'aller chercher la nourriture avant que je ne le fasse, ce qui me convenait très bien. De toute façon, malgré ma faim dévorante, je ne mangeais presque rien, ce qui m'attristait davantage.
La vérité, c'est que j'avais peur, j'étais terrifié de revoir Ludovic, qu'il vienne même chez moi car, il avait mon adresse, c'était certain. Heureusement, je ne semblais pas être sa priorité, ce qui me rassurait grandement. Peut-être que je m'étais trompé ? C'étaient une photo de moi, mon emploi du temps, mais j'étais un élève moyen qui avait déjà posé quelques problèmes depuis mon arrivée à l'université. Il devait peut-être me surveiller, trouver un moyen pour me changer d'établissement mais...est-ce que les doyens s'occupaient de ce genre de détail ? Nous avions passé une nuit ensemble, puis il avait fait ce test pour que je sois à lui encore une fois, je devais lui plaire, oui. Pourquoi ne comprenait-il pas qu'il n'y avait rien ? Je devrais sûrement le lui dire, oui.
J'attrapai mon téléphone, allongé dans la noirceur profonde de ma chambre, sous mes couettes chaudes. Pourquoi mon corps était si froid ? Pourquoi j'avais si faim alors que mon café matinal m'avait toujours suffi ces dernières années ?
Il n'y avait rien, aucune notification, même mes parents s'en fichaient bien, de toute façon, ils vivaient loin et ils n'avaient pas de temps à perdre avec leur fils gay un peu trop indépendant et libertin sur les bords.
Je soupirai en le reposant, je me sentais trahi et humilié par cet homme, il me soumettait constamment à son autorité, pourquoi je pensais à lui ? Pourquoi est-ce qu'il voulait s'accrocher à moi au point d'avoir une photo de moi dans son bureau ? Ça n'avait pas de sens. Dans tous les cas, malgré ma honte, je devais y retourner. Je ne pouvais pas rester pour toujours caché, j'avais des études à finir, je n'étais pas prêt à les lâcher et surtout pas pour quelqu'un comme lui.

-Dans le bureau du doyen.

Je soupirai faiblement devant l'air réprobateur de mon professeur, le reproche de ses yeux me fit lever les miens au ciel.

-Ce n'est pas nécessaire, je suis un grand garçon.

Pourtant, il me jeta dehors en claquant la porte. Dans un soupir, j'empruntai cette direction la boule au ventre, d'affreux frissons parcourant mon corps, le cœur battant dans un rythme désordonné. Je m'arrêtai devant ces doubles portes sans oser frapper. J'allai pour me retourner et rebrousser chemin, mais une insupportable voix me stoppa.

-Oh, un revenant.

Sa moquerie me rassura, au moins, il ne parlerait pas de sa présence devant chez moi.

-C'est à croire qu'on aurait pu te retrouver mort de vieillesse, Thomas.

Le reproche avec lequel il prononça mon prénom m'agaça. Je n'eus pas l'occasion pourtant de continuer la discussion que les doubles portes s'ouvrirent sur Ludovic, les yeux sombres, le teint pâle, les cheveux en désordre, son apparence un peu plus négligée qu'habituellement. Le soulagement de ses yeux fut balayé par une trop grande colère lorsqu'il m'invita à entrer et refermer la porte le visage froid. Il alla s'installer derrière son bureau, dans un silence tordant. Au moins, il ne s'était pas jeté sur mes lèvres, je ne l'aurais pas supporté, pas maintenant.

-Où étais-tu ?

Alors c'était cela ? Je devais me justifier auprès d'un ancien amant, le rassurer et le laisser prendre de moi ce qu'il désirait, quand il le voulait ?

Captivant TOME 2Where stories live. Discover now