67 - Tendresse d'une nuit

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Un air serein planait. Les murs flamboyants laissaient échapper une tendre chaleur qui berçait la grande pièce. Une table aux chaleureuses couleurs de Noël accueillait deux convives heureux de se retrouver. L'un d'eux avait posé son tablier sur un coin du canapé. Tous deux étaient très élégants. Le grand domaine s'était vidé, ils avaient donné à leurs habitants cette soirée et la journée du lendemain. Cela leur permettait d'être plus détendus, juste tous les deux. Ils avaient laissé de côté leur titre et leurs responsabilités. Pour une fois, cette soirée seulement, ils ne seraient pas disponibles pour les autres, simplement pour l'être aimé. Leurs mains s'étaient liées au-dessus de la table, leurs doigts s'étaient entrelacés tendrement.

-C'est la première fois que je fête Noël depuis qu'ils sont morts, murmura une voix, douloureusement.

Il sentit les doigts de l'homme qu'il aimait se resserrer autour des siens. Il n'osa pas approfondir, il voyait dans les yeux de son lié que la peine qu'il ressentait ne s'était pas dissipée, cette perte restait douloureuse, même après toutes ces années.

-Tu ne le fêtais pas chez les Aleisteir ? demanda-t-il.

Il secoua la tête.

-Je déclinais toujours l'invitation. Les fêtes comme celles-là doivent se passer avec les gens qu'on aime, pas avec un sous-garde.

-Que faisais-tu alors ?

Leurs regards s'accrochèrent, l'un se faisant plus intense que l'autre. 

-Je m'asseyais sur la fenêtre et regardais la nuit défiler. Etonnamment, lorsque j'étais loin de là, dans ces moments là, je pensais à toi, Lucas. Je me demandais ce que tu faisais et si tu m'attendais. Je me disais que, peut-être quelqu'un d'autre me remplacerait, dans ces moments joyeux.

Le vampire se leva, il ne supportait pas d'entendre ça. Cette souffrance silencieuse qui planait, une plainte désespérée qui sonnait. Il devait le consoler, lui montrer que, même loin, il ne l'avait jamais quitté. Ses yeux nuageux transpercèrent ceux tout aussi clairs, d'un beau bleu. Sans que leurs mains ne se délient, sans que leurs yeux ne se quittent un seul instant, il rejoignit son lié. Là, il se mit à genoux devant lui. Leurs visages s'étaient rapprochés, ils étaient à la même hauteur. Ils étaient près, leurs corps s'étaient collés.

-Tu as toujours été là, dans une partie de moi. Parce que, moi aussi, je n'attendais que toi. Lorsque mes yeux observaient la lune évoluer dans la nuit obscure, c'est comme si, dans ces moments là, je te sentais à mes côtés.

Allan était silencieux. La proximité et la voix de son lié le chamboulait. Il sentait de délicieux frissons remonter le long de son dos. Alors, sa tête se rapprocha du cou de son lié et, il s'y réfugia, le serrant plus fort contre lui.

-Je t'aime Lucas.

Allan se découvrait sentimental. Surtout lorsqu'il était près de lui. Il sentait les battements de son cœur se dérégler et il l'admirait. Lucas était beau, vraiment très beau. Mais ce n'était pas ce qui l'avait attiré chez lui. Il faisait parti des rares hommes chez lesquels on retrouvait à la fois une fragilité, et une grande force. Il était un très bon dirigeant et savait lorsqu'il devait se montrer souple ou, au contraire, intransigeant. Et même s'il était beaucoup critiqué par les Sullivan pour sa bonté et cette fragilité qu'ils décelaient, Lucas ne s'en préoccupait pas, il n'avait pas changé pour rentrer dans les codes. Il avait été lui, tout comme il l'était aujourd'hui. Il sentit ses lèvres tièdes se poser sur son cou, son souffle trembla un instant. Il se sentait sensible face à ce contact charmant, son contact à lui. Appréciant provoquer d'enivrantes sensations à son calice, Lucas continua, remontant le long de son cou, lentement. Jusqu'à ce que ses lèvres atteignent le haut de son cou, alors là, il s'arrêta.

-Je t'aime aussi Allan, murmura-t-il.

Sa voix provoqua plus que de simples frissons à son partenaire. Il sentit son corps entier trembloter face au plaisir de l'aveu. C'était si bon de se sentir aimé comme ça, sans arrière pensée, sans être dicté par une quelconque force. Ils étaient juste eux, à s'apprécier pour qui ils étaient. Il se redressa alors dans ses bras et recula sa tête pour regarder cet homme. Et, lorsqu'il vit ses yeux briller d'un étrange feu, ses lèvres glissèrent contre les siennes. Le baiser s'amplifia, bien rapidement, mais, dans cette tendresse qui persistait, qui les animait et les faisait s'aimer, plus fort à chaque instant. Leur souffle se coupa sous l'intensité de ce baiser. Leurs yeux se rouvrirent lorsque leurs bouches s'éloignèrent, puis, en voyant l'envie dans les yeux de l'autre, elles se recollèrent presque instantanément, à de nombreuses reprises. Allan eut du mal à garder ses yeux ouverts, enfoncé dans un plaisir sans fin. Entre ses cils, il observa les beaux yeux nuageux de son partenaire l'observer. Il le contemplait et, ses yeux ne parvenaient pas à s'en détacher. L'un comme l'autre se sentait attirés, aimantés, il voulait être toujours plus près. Alors leurs corps se rapprochaient, ils s'animaient et tentaient de fusionner. Leurs lèvres s'éloignèrent pourtant. Entre les affres d'un étrange désir puissant, Allan rouvrit entièrement les yeux. Dans un état second, ses pupilles se baissèrent vers la déformation de Lucas. Et, loin d'en être embarrassé, son feu intérieur se raviva un peu plus. Son lié le désirait. Cette pensée réveilla une grande excitation qu'il ne connaissait pas, mais qui fit répondre son corps à celui de l'homme qu'il aimait. Il n'avait pas envie de s'arrêter. Et, pour une fois, il ne voulait pas réfléchir et mettre des barrières entre eux, il voulait juste se laisser porter et découvrir tout le plaisir qu'il pourrait ressentir.

-Lucas, souffla-t-il, je veux que tu me fasses l'amour.

Les yeux de son lié eurent un sursaut de conscience, et, l'indécision perça l'excitation.

-Tu es sûr ? Nous pouvons encore...

Allan s'était rapproché, ses lèvres effleuraient celles de son lié. Ses yeux étrangement provocants ranimèrent cette passion dans ceux de Lucas.

-Je ne veux que toi Lucas. Pour cette nuit et les heures à venir, je veux me remettre entièrement entre tes mains. Je te fais confiance.

C'est ce qu'il lui fallait. Il avait besoin de savoir que c'était bien lui, qu'il le voulait réellement. Alors là, leurs bouches s'épousèrent à nouveau. Leurs langues se titillèrent et leurs corps se pressèrent. Chaque chose qu'ils ressentaient se retrouvait décuplée par l'amour ressenti pour l'autre. Ils en vinrent à ne plus arriver à penser, la seule chose qu'ils savaient, c'était que l'autre était à leur côté. Alors, leurs baisers évoluèrent, tout comme leurs corps qui, sans se décoller, se retrouvèrent dans l'intimité de leur chambre. Durant de tendre heures, ils découvrirent ensemble un plaisir, oublié pour l'un, inconnu pour l'autre. Sa puissance était si forte que la seule chose dont ils se souvenaient, c'était que l'autre l'aimait. Ils s'admiraient, s'embrassaient et se caressaient avec amour. Sans même y penser, ils scellèrent la seconde étape du lien, perdu dans le corps de l'autre, dans l'amour de l'autre. Mais au final, ils s'aimaient, et c'était tout ce qui comptait. C'était ce qui attisait le feu qui les poussait à s'unir, inlassablement, et à partager bien plus qu'une simple nuit d'amour. Ils murmuraient parfois, quelques mots tendres. Ils embrassaient avec douceur la peau tendre de l'autre. Leurs bouches se retrouvaient, leurs peaux s'aimaient, leurs corps s'épousaient, juste avant qu'une morsure ne les jette plus loin encore, dans la force d'un désir oublié, d'une passion acharnée et d'un plaisir sans fin. Leur nuit n'était pas prête de se terminer. Leurs esprits avares de l'autre ne voulaient plus le laisser s'échapper. Et, ils savaient déjà que, cette nuit passée, ils seraient à nouveau alourdis par de nombreuses responsabilités. Elles les tiendraient loin l'un de l'autre, les empêcheraient de se retrouver et de s'aimer. Avec la passion qu'ils se manifestaient. Alors, ils s'aimaient sans y résister et sans vouloir s'arrêter, jusqu'à s'oublier.

Captivant TOME 2Where stories live. Discover now