Hors série 20.2

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Hors série n°20 – Nouvelle vie - P.D.V Thomas, meilleur ami d'Antoine, suite

J'entrai à peine, le visage fermé, les pensées sombres, que je sentis sur moi des yeux me traverser. Ils firent monter en moi une chaleur qui me dégoûta cette fois, me peinant davantage. Je préférai l'ignorer, ne prenant aucunement sa présence ici pour moi, de toute façon, je n'en voulais pas, de son attention, de son exigence. Je m'installai calmement à côté de Corentin en bâillant, sortant déjà mon ordinateur tout en m'asseyant.

-Tu étais presque en retard.

J'haussai les épaules, mon corps entier se tendant en sentant sa main sur ma cuisse, comme il avait l'habitude de le faire lorsqu'il voulait passer la soirée avec moi.

-Tu me manques, ça fait longtemps nous deux.

Je rejetai sa main en croisant un regard sombre. Le doyen se racla la gorge en avançant, enivrant la salle par sa simple présence divine, mais pas moi, cette fois. La sévérité de sa voix me hérissa, je ne voulais plus le revoir et pourtant, il s'arrangeait pour apparaître partout. Je ne l'écoutai pas, je ne le regardai pas, préférant largement jouer sur mon ordinateur.

-Thomas.

Le tranchant de sa voix me rendit fautif, juste une seconde, l'écran soudainement baissé de mon ordinateur me ramenant à moi. Je serrai les dents, consentant seulement à relever les yeux vers lui. La tension de son corps s'apaisa, et alors, il s'éloigna, laissant cette fois-ci notre professeur commencer avec un certain embarras.
Le cours fut long, beaucoup trop long sous les yeux autoritaires de cet homme. Ne pouvait-il pas me laisser tranquille ? Dans un soupir, j'attrapai mes lunettes, décrochant une seconde pour mieux voir le tableau. J'en profitai pour boire un peu d'eau, Corentin se penchant vers moi.

-Ce soir, chez toi ?

Je secouai la tête en rangeant ma gourde.

-Je suis déjà occupé.

Je sentis son sourire en coin rien qu'à la moquerie de sa voix.

-Tu vois quelqu'un ?

Je soupirai, décidément, il ne disait que des bêtises.

-Non, je n'ai personne et ce n'est pas comme si tu t'en souciais de toute façon.
-Oh, je comprends mieux, tu as besoin de parler alors. Je vais venir chez toi quand même et on verra comment ça finira, mais c'est toujours pareil.

Mouais, c'était ça ma misérable vie, me taper Corentin lorsqu'il n'avait personne d'autre, travailler un peu, sortir et faire le con. Il était hors de question que je lui dise quoi que ce soit, ça aurait juste l'air bizarre. Antoine, j'aurais bien aimé me confier à lui, qu'il se foute de ma gueule dix minutes avant de passer à autre chose.

-Est-ce que...

Je me pinçai les lèvres, remontant mon regard jusqu'à lui.

-Est-ce que tu connais un Antoine ?

Il gloussa faiblement.

-Bien sûr, tout un tas.
-Antoine Ross.

Il prit un instant pour y penser, finissant par secouer la tête sous mon soupir, mon regard se baissant sur mon clavier, l'air morne.

-C'est qui ?
-Personne.

C'était vrai, hein ? Nous n'étions plus rien, de toute façon, des années d'amitié détruites par son éloignement. Je ne voulais plus le voir lui non plus.

-Merci à tous d'avoir écouté, je vous laisse avec le doyen, si vous avez des questions.

Je rangeai mes affaires en express, sortant tandis que tous ces dératés se jetèrent sur lui. Je ne me sentis à l'abri qu'à l'instant où je fus hors de sa portée, loin de ses yeux. Le cœur apaisé, une partie de mes problèmes envolés, je rejoignis la cafétéria pour un second petit-déjeuner, j'avais si faim ces temps-ci, je sentais mon corps étrangement faible. Je pensais que c'étaient mes nuits avec Ludovic, mais ça persistait. Sans ne plus de rien me soucier, je savourai le café chaud et la viennoiserie dans un soupir de plaisir. C'était ça la vie, sans besoin de personne, juste d'un peu de nourriture.

Captivant TOME 2Where stories live. Discover now