65 - Procès

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-Regarde celui-là.

Antoine releva la tête, observant le haut que lui montrait sa mère. Il secoua la tête après l'avoir scanné.

-Fais un effort Antoine, je te signale qu'on sera en famille.

Il haussa les épaules faiblement. Depuis qu'il s'était levé le matin, il sentait que sa gorge s'était nouée, le rendant presque muet. Ses mains se rejoignirent sous son ventre et ses doigts se lièrent entre eux, se triturant affreusement. Son regard tomba jusqu'à son ventre bien rebondi, son sourire devint contrit.

-Ca ne m'ira pas maman.

Le regard de sa mère s'adoucit et elle s'approcha de lui. Sa main se posa sur son épaule et elle la caressa doucement en se serrant contre son fils.

-C'est vrai, excuse moi. Mais, avec son tour de passe-passe, Adrien pourra te faire ressembler à un jeune homme très beau dans ce très beau pull. Tu en dis quoi ?
-L'important c'est que je sois à l'aise non ?

Le sourire de la maman s'agrandit un peu plus et elle acquiesça, se rapprochant du vêtements pour en choisir la taille. La souplesse du textile ne serait pas de refus. Il commençait à en avoir marre d'être enfermé dans un sweat moulant les trois quart du temps.

-Et niveau pantalon c'est bon.

Il acquiesça, sa voix restant coincée. Il serrait son téléphone qui se trouvait dans sa poche, ressentant de violents frissons glacés courir le long de son dos. Il détestait cette sensation, surtout que, accompagné à cela, deux petites fureurs s'amusaient à remuer.

-Viens on passe en caisse.

A l'extérieur de la boutique de vêtements, ils retrouvèrent Amandine accompagnée de son père. Cela faisait longtemps qu'ils n'étaient pas sortis tous les quatre, juste entre eux, en famille. Aucun vampire n'était à l'horizon, ni aucun chef de famille calice. Juste eux, des "humains".

-Je veux une crêpe, réclama la petite.
-On fait une pause ? demanda la mère en observant Antoine.

Il acquiesça silencieusement, sentant ses pieds le démanger. S'asseoir lui ferait grand bien. Bien vite, ils se retrouvèrent installé à la terrasse d'un café à l'intérieur d'un grand centre commercial.

-Il ne nous reste plus que quelques cadeaux et décorations à acheter et ce sera bon.

Dans l'air, un chant de Noël flottait, léger mais agréable. Le temps était passé vite ces dernières semaines. Entre les cours, les apparitions de calices, de vampires ou leur disparition, il avait été bien occupé, soutenu et diverti. Ses amis aussi avaient été là pour lui, ils avaient bien plus l'esprit des fêtes. Cependant, son esprit était trop préoccupé pour y songer ou même y croire. Alors, son corps était présent, mais son esprit bien loin de là. Il était difficile de penser à autre chose. Surtout lorsqu'un événement si important avait lieu. C'était comme si sa vie en dépendait, que, là-bas, tout se jouait, il le ressentait, de là où il était. Demain n'existait même pas pour lui, tout se passait aujourd'hui. Il ne pouvait même pas y faire face. Mais, il l'avait choisi. C'était pour son bien à lui finalement. Si il était dans cette état ici, qu'est-ce que ce serait là-bas ? Il préférait être loin, laisser à Allan le contrôle. C'était rassurant, Allan ne ferait pas d'erreur, il n'en faisait jamais. Et puis, il préférait ne pas être là lorsqu'Adrien saurait. Il n'avait pas eu le courage de lui raconter. Peut-être qu'il ne l'aurait jamais. Alors, c'était rassurant en quelque sorte. Comme si rien ne pourrait lui arriver.

-Antoine ? Je peux manger ta crêpe ? demanda Amandine.

Il revint dans la réalité. Tout comme sa gorge, son estomac s'était noué. Sa mère l'avait forcé à avaler son repas en entier, mais, il n'avait pas faim. Alors, il tendit l'assiette vers sa petite sœur. Cela l'apaisait de la voir manger si bien, il veillerait sur elle, pour que la même chose ne lui arrive pas. Cependant, en surprenant le regard d'un petit garçon sur elle, il se tendit. Il comprit ce qu'Adrien voulait dire à présent. Par un heureux hasard, ils sauront le sexe de leurs bébés le jour de Noël. Et, même s'ils étaient encore indécis quant à leurs prénoms ou à la marche à suivre, ils étaient tous deux impatients. Au cours d'une journée à la mi-Décembre, avec l'aide de leurs parents respectifs, ils avaient peint la chambre des jumeaux chez eux, là où Antoine se sentait bien, dans leur foyer. Ils avaient choisi un beau gris souris qui s'étalait jusqu'à la moitié du mur, ensuite, de belles vagues blanches avaient elles aussi été peintes, et, un beau gris nuage s'étendait jusqu'en bas du mur. Ils prévoyaient déjà des meubles blancs. Ils ne voulaient pas quelque chose de trop foncé, ils préféraient du mixte. Et, que ce soit l'un ou l'autre sexe, cela correspondrait parfaitement.

Captivant TOME 2Where stories live. Discover now