Ce que cache un kilt doit rester secret !

Chapitre 53

Malgré ce qu'avait dit Emrys, Moana gardait l'espoir de convaincre son oncle de cesser les hostilités. Il avait débuté une guerre pour une sœur qu'il n'avait plus revue depuis des années, la jeune femme ne doutait pas un instant qu'il abandonnerait tout ce qu'il possédait pour sa nièce. 

Le seul membre de sa famille qu'il lui restait.

Mais dans sa logique, elle oublia qu'il n'était qu'un homme qui s'était embourbé dans la haine et le mépris. Envers sa hiérarchie, envers les Saquas, et surtout, envers lui-même. Il regrettait amèrement de l'avoir convaincu à entrer avec lui dans l'armée, et pleurait chaque soir son envie obsessive de l'avoir à ses côtés. Sa plus grande hantise était qu'on les sépare. Il refusait que sa sœur, si belle et intelligente, ne fasse son chemin sans lui. 

Parce qu'il savait, au plus profond de lui-même, qu'elle l'abandonnerait. 

Oh, pas volontairement mais les années faisant, elle l'oublierait comme elle en avait oublié bien d'autres. Mais en tentant de pousser toujours plus loin Colette pour lui montrer qu'elle avait autant besoin de lui que lui d'elle, il l'avait fait fuir. Pourquoi n'avait-il pas écouté ? Trop aveuglé par l'ambition pour ne pas remarquer ce qu'il détruisait petit à petit leurs relations.

Il ne s'était jamais pardonné d'avoir mené les choses aussi loin. Quel genre de frère était-il si Colette avait fui sans même lui parler de son enfant à naître ? Cela le déchirait de l'intérieur. Il voulait tant qu'elle réponde à ses questions...

Une part de lui, le militaire, comprenait l'attraction que ce château et ses dangereux habitants pouvaient exercer. Quels mystères renfermait-il ? S'il perçait ne serait-ce qu'un seul secret, changerait-il le monde ? Richard lâcha un lourd soupir. Voilà qu'il recommençait.

Son cœur criait de douleur. Colette l'avait abandonné suite à une infiltration qu'il avait lui-même orchestrée. Que s'était-il passé exactement ? Colette s'était amourachée d'une de ces bêtes au point d'ignorer les circonstances de sa venue et lui faire un enfant. Pourquoi ? Était-ce consenti ? Le contraire lui paraissait sordide et il ne s'y arrêtait jamais pour y penser.

Là ! Moana tira son bras en arrière pour se dégager d'un coup sec de la prise de Yaïn.

— J'ai vu un militaire par là-bas. Il faut le rattraper.

— Attendez ! Qu'est-ce que vous faites ? l'arrêta-t-il. 

 — Je vous l'ai dit : je vais aller parler à mon oncle.

— Et quoi ? Vous allez parler à votre oncle et hop ! Les humains vont nous accepter sans rechigner ? demanda soudain Yaïn.

— Oui, c'est l'idée, s'énerva la jeune femme, mais cela aurait été plus facile si vous donniez du vôtre.

— Petite sotte ! Vous ne comprenez rien. Vous ignorez les ordres et me contrariez délibérément, puis vous justifiez votre ignorance par votre métissage et votre indépendance. Vous vous sentez dépendante de qui précisément ? rajouta-t-il avec hargne.

Yaïn ne comptait pas lui laisser gagner cette bataille, il était borné et avait la patience des crocodiles du Nil. 

Ils n'avaient jamais été d'accord mais Moana était déçue que leurs divergences culturelles les séparent encore une fois. Avait-il été de même avec Emrys, un désaccord dissimulé derrière l'humour ? Suffit ! Elle doutait encore.

— Je peux changer le cours des choses ! s'égosilla la jeune femme.

Le highlander à la chevelure flamboyante roula des yeux.

— Et je me fis plus à ce que j'observe qu'à votre avis. Vous et votre besoin incessant d'aider, soupira-t-il avec rage.

Il lui attrapa le poignet mais elle s'échappa à nouveau.

— D'accord, vous gagnez ! s'exclama Yaïn d'un ton excédé. Je vous amène à l'humain puis on s'en va.

Moana hocha simplement la tête.

— Dix minutes, annonça Yaïn. Pas une minute de plus.

Elle émit son accord. Il la fixa de son regard insondable, attentif au moindre signe de rébellion. Voyant que pour une fois elle allait obéir, Yaïn lui fit signe de se placer derrière lui. 

Commença alors la quête de chercher l'homme qui voulait anéantir son espèce.