Chapitre 20

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Il ne sut jamais si son geste avait pour objectif de la tuer. Les yeux de Moana se braquèrent soudainement sur l'homme qui la surplombait. Il sursauta, pâlit brusquement puis ravala sa salive. Sa main relâcha sa prise, son pouce débuta un doux mouvement circulatoire sur la tranchée. Déglutir devint plus facile. Elle soupira de soulagement.

Elle se mit à étudier l'homme, essaya de l'identifier, voulant pouvoir le remercier plus tard, lorsque tout ceci terminerait. Mais ses traits restaient flous, son visage dans la pénombre. Elle n'arrivait pas à distinguer son sauveur, seul l'odeur de sa peau transparaissait à travers l'épaisse couche de brouillard dont son cerveau refusait d'émerger.

Était-ce mieux ainsi ? A cet instant précis, elle se sentait terriblement humiliée. Elle voulait lui tourner le dos, lui dire de la laisser là où elle était pour qu'elle puisse mourir en paix. Agir comme une petite fille capricieuse. Elle n'en fit rien. Parce qu'elle n'en avait pas la force... ou parce qu'elle n'en avait pas l'envie finalement. Elle ne savait pas grand-chose à ce moment excepté le profond réconfort que lui apportait ses bras musclés. Alors Moana ferma les yeux et se laissa emporter par les dernières vagues.

L'inconnu resta auprès d'elle jusqu'à ce que le fluide bleu ait quitté tout son corps. Il la tint contre sa poitrine ferme, lui caressant les cheveux trempés de sueur et le murmura des mots qu'elle ne comprit pas mais dont l'intonation agréable l'aida à traverser cette épreuve.

Il était tard, les hiboux chantaient à tue-tête. Leurs hululements arrivaient en écho dans les écuries silencieuses. Les chevaux s'étaient endormis dans un soupir soulagé lorsque les bruits organiques et corporels de vomissement cessèrent enfin. Même le son de la fête, assourdit par les pierres, s'était arrêté depuis belle lurette. Ils étaient seuls, l'astre lunaire ne les voyait pas, caché par une couverture nuageuse. Tout était fini. Le highlander aurait dû accompagner la jeune femme jusqu'à sa chambre et disparaître dans les tréfonds de son subconscient. Il n'en fit rien. Il continua à la bercer jusqu'à ce que la voix enrouée de Moana s'élève dans le silence.

— Qui... qui êtes-vous ?

Son haleine devait être pestilentielle. Ça ne l'empêcha pas de rapprocher l'oreille de sa bouche pour mieux l'entendre. Il lui sourit. Elle lui agrippa l'avant-bras.

— J'ai peur, murmura Moana.

Il mit son doigt sur sa bouche. Le contact la fit frémir.

— Qu'est-ce qui m'arrive ? Je... j'ai mal partout, je me sens nauséeuse, je suis courbaturée, je... j'ai peur, répéta-t-elle.

Il ne répondit pas. Moana plissa les yeux pour mieux voir, il était visiblement déterminé à ne pas parler de cet épisode. Pas grave, elle trouverait la réponse par elle-même.

Son mystérieux inconnu la souleva dans ses bras et l'emmena dans sa chambre. Il la déposa avec délicatesse sur le lit. Avec la manche de sa chemise, il lui nettoya le menton, ôtant paille et vomi. Alors qu'il s'en allait, Moana lui agrippa à nouveau le bras. Elle essaya de se relever mais échoua. Elle était trop fatiguée pour entreprendre une action si périlleuse. Aussi elle le remercia, tout simplement, espérant qu'il puisse comprendre tout ce qu'elle souhaitait lui dire. Il hocha la tête et partit sans se retourner. 

Cependant, elle avait eu le temps de remarquer ses pupilles bleues. 

Bleues comme la mer. 

Ce que cache un kilt doit rester secret !Onde histórias criam vida. Descubra agora