II

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Lord Alexander Sky, 10 juillet 3264, 11h05, Arclif

Mr. Pears relit une dernière fois le contrat que je viens de lui fait écrire et fronce les sourcils. Il m'a déjà répété plusieurs fois que je faisais quelque chose d'insensé.

― Etes-vous bien sûr, de vouloir faire cela ? me demande-t-il pour la dixième fois en se massant le crâne pour faire passer la migraine que je lui donne.

A l'évidence, il ne peut pas comprendre quelle motivation m'habite, il ne peut pas savoir quel danger pèse sur ma personne et sur tout ce que je possède. Ce que je fais, est le moyen le plus sûr de mettre tout le monde à l'abri.

― Je suis parfaitement sûr.

― Très bien, j'ai donc besoin de la signature de votre femme et de votre fils. Je suppose qu'ils sont évidemment au courant.

― Bien entendu, mais ne leur dites rien, ils ne comprendraient pas.

Il acquiesce en soupirant. J'ai de la chance qu'il connaisse bien la famille, sinon, je crois qu'il ne m'aurait jamais laissé faire cela.

― Moi non plus monsieur, je ne comprends pas.

― Ne vous en faire pas Pears, je ne suis moi-même pas bien sûr de comprendre. Mais nous saurons bien assez vite si j'ai eu raison.

Je sors du bureau pour revenir quelques minutes plus tard avec Rose et Colin.

― Rose, ma chérie, j'ai besoin que vous signiez ce papier, dis-je en montrant le contrat que lui présente le notaire.

Elle se tourne vers moi avec un regard suspicieux, alors je lui fais un signe de tête, comme si cela pouvait lui ôter tous ses questionnements. Malgré tout, elle prend la plume, la trempe dans l'encrier et dans un élégant geste, appose sa signature sur le bas de la feuille. Je souris timidement alors qu'elle recule d'un pas en fronçant les sourcils.

― Bien, Colin, à toi maintenant.

Le petit blond grimpe à genoux sur une chaise pour être assez grand et d'une main encore tremblante, écrit son prénom en petites lettres avant de poser la plume.

― Tu dois aussi mettre ton nom de famille, dit sa mère en retrempant la plume pour ensuite la lui rendre.

Alors, il rajoute les trois lettres avant de sauter de la chaise et de sortir en courant pour repartir jouer. Je m'approche à mon tour, signe à côté de leurs marques et appose le sceau des comtes de Swanfield.

― Très bien, j'ai tout ce qu'il me faut, dit alors Mr. Pears.

― Merci, nous n'allons pas vous retenir plus longtemps, réponds-je.

Il ouvre la bouche pour dire quelque chose, mais se ravise et préfère silencieusement ranger ses papiers avant de fermer sa valise et de se rapprocher de la sortie.

― Monsieur le comte, Madame la comtesse.

― Merci Mr. Pears, au revoir.

Alors, il s'incline et quitte la pièce. Rose se tourne vers moi, alors que je vais m'asseoir derrière mon bureau, je sais ce qu'elle va me dire, elle n'est pas idiote, elle a bien remarqué que quelque chose ne tournait pas rond.

― Alexander, que se passe-t-il, que venez-vous de nous faire signer ?

― Tout va bien, je prends juste quelques précautions.

Elle me jette un regard noir dont seules elle et Violet ont le secret.

― Je déteste quand vous me mentez.

Je soupire en fermant les yeux.

― Moi aussi, ma chère. Moi aussi...

Si seulement ils savaient à quel point je prie les dieux pour que nous nous en sortions. Autrefois, j'étais prêt à mourir parce que la vie me paraissait trop dure, aujourd'hui, il y a trop de personnes que j'aime et que je ne veux pas abandonner, trop de personnes pour qui je m'inquiète.

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