III

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Lord Alexander Sky, 11 juillet 3260, 11h18, Château de Greywall

Cher Alexander,

Vous remercierez pour moi les bonnes personnes qui s'inquiètent de la santé de ma chère Anastasie, et transmettrez bien évidemment mes amitiés à votre femme.

Il semblerait que l'état de ma sœur ne compromette gravement ses chances de vivre, c'est pourquoi je crains de devoir rester plus longtemps que prévu sur mon île. Ici l'été ne semble se résumer que par soleil perçant parfois l'épaisse couche grisonnante des nuages. J'espère que là où vous êtes la météo est plus clémente et propice aux festivités de la saison. Il me semble que le bal de la mi-juillet approche, et j'imagine que Lady Sky a déjà choisi une toilette qui éblouira l'assemblée.

Savoir que vous pensez à moi m'apporte la joie dont cette froide demeure est dépourvue en ce moment.

Avec mes sentiments

Simon

Je ferme les yeux et laisse ma tête tomber sur le dossier de mon fauteuil tandis que ma respiration s'apaise lentement. Ces lettres maladroites que nous échangeons ne sont là que pour inventer une conversation que nos cœurs nous réclament. Cependant, cette illusion me permet pour le moment de ne pas me sentir seul.

Alors sans plus tarder, je demande papier et encre pour répondre à ce courrier.

***

Lord Simon Hartfield, 17 juillet 3260, 19h06, Hartfield House

Cher Simon,

Je suis navré d'apprendre que votre séjour doive s'éterniser, néanmoins, si cela est nécessaire au bon rétablissement de votre sœur il ne faut en aucun cas négliger cette attention que vous lui portez en restant chez vous.

En effet, le temps nous est favorable et Lady Rose a déjà choisi sa toilette pour le bal, mais elle refuse de me la montrer ou de me la décrire, elle souhaite me faire la surprise, dit-elle.

Si ici nous occupons nos journées à faire de belles promenades dans les jardins, je me demande de quoi sont faites les votre. J'aime à vous imaginer devant votre piano, ou à de grandes marches contre le vent aux bords des hautes falaises. Mais, sûrement passez vous beaucoup de temps avec votre sœur, tout comme j'en passe à travailler. Seulement, je ne peux nier que mon travail est bien souvent interrompu par mes pensées. La porte est toujours ouverte mais le bureau voisin est vide. Bien que ma fierté devrait me refuser de vous écrire cela, elle n'a pu m'en empêcher : vous me manquez.

Alexander

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Lord Alexander Sky, 24 juillet 3260, 14h43, Château de Greywall

Mon cher Alexander,

Je suis bien heureux d'apprendre que la météo vous est favorable et vous permet de charmantes balades. Vous l'avez deviné, mes journées se passent principalement au chevet d'Anastasie. Mais, il m'arrive également de jouer du piano, d'aller marcher le long des falaises ou de fumer quelques cigarettes en pensant à vous.

Si je ne me trompe pas, au moment où je vous écris ceci, le bal doit-être passé de quelques jours et vous avez pu découvrir la surprise de votre femme.

Ici les quelques domestiques ont eux aussi préparer une petite fête à laquelle ils ont eu la bonté de me convier. J'ai donc eu le plaisir de danser avec toutes les charmantes femmes et jeunes filles qui peuplent ma demeure si l'on exclut bien entendu ma sœur (ma demeure n'abrite en réalité qu'une cuisinière et une femme de chambre). Une soirée, qui bien que très différentes de celles de la cour, me les a rappelés, seulement, vous manquiez malheureusement à l'appel.

Je pense à vous

Simon

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Lord Simon Hartield, 30 juillet 3260, 13h40, Hartfield House

Mon cher Simon,

Je me suis permis d'ajouter à cette lettre quelques partitions d'un jeune compositeur qui, je l'espère, occuperons vos journées. J'ai déjà hâte de vous entendre les jouer. Je me dois de vous le redire, vous êtes un véritable virtuose, jamais je n'ai entendu si belle musique que celle que vous jouez, elle sonne à mes oreilles comme une musique divine.

J'ai enfin découvert la surprise de Rose. Elle portait hier soir une magnifique robe de soie blanche brodés de roses rouges, ses cheveux tombaient en boucle brunes sur ses épaules, et tout ceci était sublimé par une parure de rubis, Lady Johnson en était verte de jalousie. Si vous l'aviez vu, elle était magnifique. Ce fut une merveilleuse soirée, nous n'avons fait que danser, mais cela ne peut être comparable à une valse avec vous.

Vous me manquez, j'espère d'avoir de vos nouvelles au plus vite, chaque attente semble plus longue que la précédente.

Tous mes sentiments vous accompagnent.

Alexander

Assis dans le salon, un verre de vin à la main, je viens de lire la dernière lettre de Lord Alexander. Mes émotions sont passées par la tristesse, la joie, le manque et peut être, en effet, un peu par la jalousie.

Je prends les partitions que j'avais posé sur la table avant de prendre connaissance de la correspondance. Je les examine rapidement avant de me lever pour aller m'asseoir et les déposer sur le pupitre.

Les deux compositions semblent être les mélodies de deux ballades que Lord Alexander me fera peut-être le plaisir de chanter. Elles me rappellent les beaux jours à la capitale, que l'on passait à se promener dans les jardins du palais.

Je m'attelle donc une partie de l'après-midi à travailler ces nouvelles compositions, je dois savoir les jouer parfaitement pour pouvoir à mon tour en faire cadeau à Lord Alexander.

Alors que je me m'apprête à écrire ma réponse, une idée me vient, je décide donc de me rendre demain en ville pour faire quelques achats. Mais pour l'instant je m'attelle à répondre à cette lettre.

LordsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant