Lords

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Lord Alexander Sky, 9 septembre 3260, 20h00, Arclif

Cher Alexander,

Je commencerai par vous écrire que je suis navré pour la perte de votre oncle. Je continuerai en écrivant que je n'aurais aucune raison de vous en vouloir pour les propos que votre tante a tenus.

Ma sœur a tenu à vous féliciter pour votre union avec Lady Rose, et vous remercier une fois de plus pour l'attention que vous lui avez, tous deux, portée.

J'adorerais venir à votre fête, vous vous en doutez, mais Anastasie est encore trop faible pour que je puisse la laisser sans surveillance. De plus quelqu'un doit bien s'occuper d'administrer les terres Hartfield en attendant qu'elle ne se rétablisse totalement.

Je suis heureux de vous faire savoir que vous m'avez permis de prendre goût à la lecture des romans. Du moins celui-ci ne m'a pas occupé longtemps puisque je l'ai dévoré en une nuit.

Vous me manquez atrocement, j'aimerais être à côté de vous pour vous écouter parler et boire chacune de vos paroles. J'aimerais connaître chacune de vos pensées, ressentir chacune de vos émotions. Par tous les dieux, ce qu'une attente peut être longue. Chaque jour je crains que ce soit le dernier et que je ne puisse vous revoir et vous embrasser une dernière fois.

Je vous embrasse

Simon

J'ai trouvé cette lettre dans un recueil de poèmes magnifiquement orné. Je reconnais bien là les goûts de Lord Simon, la poésie est une forme de musique, une musique qui s'écrit avec des mots et pas des notes voilà tout.

Je m'empresse de trouver quoi lui répondre avant que les invités n'arrivent.

***

J'entends les sabots frapper le sol et les graviers rouler sous les roues de la voiture.

- Rose, je crois que nos premiers invités arrivent, dis-je en poussant légèrement le rideau pour apercevoir les personnes descendant de la calèche. Il me semble qu'il s'agit du marquis et de la marquise de Valenson.

- Alexander, cessez d'espionner, cela ne se fait pas, me rabroue-t-elle fermement.

Je repousse le rideau en riant.

- Pardonnez-moi.

Elle sourit et s'assied dans un fauteuil.

- Y a-t-il une seule chose que l'on ne puisse pas vous pardonner, Alexander ?

- Il y a de nombreuses choses que l'on ne peut me pardonner, ma chère, dis-je amèrement.

Je me rapproche pour prendre sa main afin qu'elle se lève et accueille nos invités.

- Ne dîtes pas cela, souffle-t-elle alors que Lord et Lady Beal entre dans la pièce.

- Mr le marquis, Mrs la marquise, nous sommes ravis de vous accueillir, dis-je.

- Merci à vous Lord Sky, répond alors l'homme.

Je souris en baissant la tête.

- Venez donc vous asseoir en attendant que les autres n'arrivent. Prendrez-vous un verre ? propose mon épouse.

- Avec plaisir, répond Lady Beal en la suivant jusqu'aux sofas.

***

1h20

Comme à l'habitude j'ai battu tous mes adversaires aux cartes, si bien que plus personne n'a accepté de m'affronter à nouveau.

- Vous allez finir par vous mettre vos amis à dos, me fait remarquer Lady Beal en venant s'asseoir à côté de moi.

- Vous croyez ? demandé-je en m'allumant une cigarette.

- En tout cas mon époux n'aime pas perdre, répond-t-elle en m'en prenant une.

- Il ne m'en tiendra pas rigueur.

- Votre femme non-plus, jusqu'à ce que vous vous mettiez à perdre.

- Ma femme ne me tient malheureusement pas assez rigueur de beaucoup de chose, soupiré-je en posant mon regard sur Rose qui rit avec Lady Johnson.

- Je ne connais pas grand-chose de vous Lord Sky, mais en vous voyant ainsi je peux vous assurer une chose, vous aimez votre femme.

- On peut dire cela, mais vous avez raison, vous ne connaissez pas grand-chose de moi madame, dis-je avant de souffler un nuage de fumée.

Elle pose son regard envieux sur Rose puis sur son mari.

- Elle en a de la chance...

- Serait-ce une confidence ?

Elle se tourne vers moi en riant.

- Pensez ce que vous voulez.

- Alors, je pense que c'est une confidence, réponds-je en souriant.

- Si je vous ai fait une confidence vous devez m'en faire une, évidemment pas à propos de la personne que vous aimez puisque vous m'avez déjà dit que Lady Sky tient cette place dans votre cœur.

Je ris en posant un regard désespéré sur ma femme.

- Une confidence, voyons voir... Je trouve cette soirée mortellement ennuyeuse, dis-je à voix basse.

Elle me dévisage en m'offrant un sourire qui ressemble en réalité plus à une grimace.

- Mais, c'est vous qui l'avez organisée.

- Peut-être suis-je plus doué pour profiter des soirées que pour les organisées.

J'écrase ma cigarette et prends mon verre pour le finir d'une traite.

- Oh, Lord Sky, jamais je n'oserais penser une telle chose d'un homme aussi vertueux que vous.

Je me lève en riant d'une manière qui me fait penser que j'ai un peu trop bu.

- Vous l'avez dit, vous ne me connaissez pas assez.