XVI

161 18 3
                                    

Lord Alexander Sky, 28 novembre 3260, Arclif

Très cher Alexander,

J'espère vous rassurer en vous disant que je ne connaissais pas personnellement les victimes de cette tragédie qui a secoué toute notre petite île. Néanmoins, nous sommes ici tous très affectés, et la solidarité n'a jamais été aussi grande.

Je tâche, comme vous me l'avez demandé, de ne pas être attristé par votre absence. J'occupe donc mes journées à me promener et à jouer du piano en pensant à vous. Et bien que cela me coute beaucoup de vous contrariez, je ne peux m'empêcher de prier, je me sens incapable de tourner ainsi le dos aux dieux.

Pouvez-vous seulement imaginer ce que je ressens en pensant à vous ? Mon cœur est un brasier qui ne peut s'éteindre, cela est à la fois si douloureux et merveilleux. Je suis tantôt si combler en pensant à vous, et si affligé en désespérant de gouter à nouveau au plaisir d'être avec vous. Ils me semblent si loin ces mots, ces baisers, ces caresses ; je peux à peine croire qu'ils existeront à nouveau.

Je vous embrasse

Simon

***

Lord Simon, 3 décembre 3260, Hartfield House

Très cher Simon

Je suis outré que vous n'appliquiez pas l'entièreté de mes conseils, mais je vous l'ai déjà dit, je serai incapable de vous en vouloir. Je tiens trop à vous pour risquer de vous perdre, j'ai trop besoin de vous serrer contre moi et de sentir votre souffle sur ma peau. Il me tarde tant de pouvoir de nouveau croiser votre regard et partager vos journées et vos nuits. Je vais vous faire regretter de m'avoir laissé. Plus jamais je ne pourrais me séparer de vous, plus jamais je ne pourrais m'endormir loin de vous. Le temps sans vous serait une mortelle éternité.

Le nombre de jours nous maintenant éloigné s'égrène, et la joie à l'idée de bientôt vous revoir me fait perdre tous mes moyens. Je pense sans cesse à nos retrouvailles, mon cœur s'emballe tellement qu'il finira par s'arrêter avant l'heure.

Je vous embrasse

Alexander

***

Lord Alexander, 8 décembre 3260, Arclif

Très cher Alexander,

Je ne crois pas vous avoir déjà parler de ma première conquête, la fille de la cuisinière, Emma Bennett. Elle est maintenant la femme de Mr Adams, le seul aubergiste de Broughton, leur fils est né il y a quelques jours, un robuste petit garçon à qui, j'en suis sûr, la vie sourira. Pour une raison qui m'échappe, Emma et son mari tenaient beaucoup à ce que je devienne le parrain du petit, et qu'ils puissent lui donner comme prénoms Douglas et Simon. Comment aurais-je pu refuser, Emma est une personne si gentille et avenante ? Si vous saviez comme je suis heureux qu'elle m'ait offert un tel honneur.

J'ose espérer ne pas avoir attiser votre jalousie après cette éloge pleine de joie. Si c'est le cas, n'ayez crainte, je suis entièrement vôtre, et je croiserai à nouveau mon regard et vous sentirez à nouveau mon souffle sur votre peau. Je partagerais vos jours et vos nuits. Plus jamais je ne vous laisserai, plus jamais je ne m'endormirai loin de vous. Je vous appartiendrai pour l'éternité.

Je vous embrasse

Simon

***

Lord Alexander, 9 décembre 3260, 9h03, Arclif

Violet vient me déposer un baiser sur la joue tandis que Colin refuse de lâcher ma jambe.

- Je veux pas que vous partiez, dit-il.

- Vous serez bientôt avec moi, dans onze jours. Ce n'est pas trop long, réponds-je posant ma main sur sa minuscule et fragile épaule.

Il hoche la tête et finit par me lâcher. Je les regarde tendrement, jamais je n'aurais cru que les quitter quelques jours m'attristerait à ce point, c'est comme s'ils avaient toujours été avec nous.

Je souris à Rose avant dans monter dans le carrosse. La portière se ferme, le cocher lance les chevaux au trot. Alors que la voiture sort du parc, j'entends Rose crier :

- Bon voyage !

Je souris en me retournant pour essayer de les apercevoir, mais ils sont déjà hors de vue. Alors je me retourne pour regarder devant moi. Mon cœur bat si vite, il est si heureux, si impatient, mais si inquiet. Et si quelque chose avait changer ? Et si les sentiments n'étaient plus les mêmes ? J'ai beau me dire que ses lettres disent le contraire, je ne peux empêcher la peur de venir m'embrasser.

LordsWhere stories live. Discover now