III

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* 10/10/2020 : D'importants ajouts ont été faits sur la partie une, je conseille fortmement d'aller relire cette partie.*

Lord Alexander Sky, 15 décembre 3260, 13h35, Broughton

- Alors comme ça il y aurait une jeune femme, dis-je alors que nous sortons de la boutique.

Il se tourne vers moi en riant.

- Ne m'en voulez pas, on ne peut rien cacher à ce bon Mr Jobs.

- Il semble pourtant que cette clairvoyance ait des limites.

- On ne peut pas deviner ce que l'on est incapable d'imaginer, répond-t-il alors que sa main frôle la mienne.

- Où allons-nous à présent ?

- Laissons les chevaux ici, je vais vous faire visiter la ville à pieds.

Nous nous engageons au milieu des rues pavées et des maisons de pierres grises. Nous traversons la ville pour nous rendre vers le nord, plus nous avançons, moins nous croisons de monde. Nous finissons par grimper les marches qui nous mènent aux vieux remparts ; je découvre alors les vastes étendues d'herbe plus entre le jeune et le vert qui constituent cette île inhospitalière. Rien que de l'herbe, avec au milieu un ou deux petits cours d'eau qui traversent ces plaines. Si je plisse les yeux je peux presque voir, ou plutôt imaginer la mer et les vague qui se fracassent contre les falaises.

- Tout cela vous appartient-il ?

Il sursaute, et je m'aperçois qu'il ne regarde pas dans la même direction que moi. Ses yeux passent timidement de moi au paysage.

- Non, mais une grande partie, répond-t-il en fixant son regard vers l'horizon.

- Alors comment se fait-il que vous ne soyez pas immensément riche ?

Il rit silencieusement et tourne sa tête vers moi. Mon regard croise le sien et j'ai soudain l'impression d'être étranger à tous ce que constitue sa vie.

- Observez bien. (J'obéis.) Voyez-vous un seul hameau, un seul champ au milieu de ce désert de moquette ? Rien ne pousse ici exceptée l'herbe, et par endroits, la bruyère. J'ai hérité d'une île presque entière, mais, je n'en retire proportionnellement que peu de revenu. Je ne suis bien entendu pas à plaindre, bien que certains se plaisent à le dire, mais le petit salaire de secrétaire du roi était le bienvenu.

- En tiriez-vous une si faible rémunération que cela ?

- Ne dramatisons pas, cela était toujours plus élevé que le salaire d'un domestique. Mais, il est vrai que je me demande comment ma famille a pu pendant si longtemps garder son titre avec des revenus trop faibles comparés à ceux des membres coutumiers de sa classes.

- Les membres coutumiers tels que moi ? demandé-je en souriant.

Son attention revient vers moi.

- On peut dire cela. Mais, n'y voyez aucune convoitise, je me satisfais parfaitement de mes revenus, tout comme ma sœur qui après tout ce qu'elle a vécu n'aspire à rien de plus qu'à une vie paisible, principalement consacrée à la peinture. Cependant, je me demande comment elle fera si elle me survit ; elle n'a pas l'intention de se marier et je la comprends, mais qu'arrivera-t-il à la vieille femme qui subsistera lorsqu'elle sera trop âgée pour s'occuper des affaires de l'île ?

- Du peu que j'ai pu la voir, je pense que même âgée elle sera assez indépendante et responsable pour réussir à gérer son domaine. Même sénile elle s'en sortirait.

Ses yeux s'illuminent.

- Maintenant que vous le dites, je n'ai plus aucun doute à ce sujet.

- Vous voyez, vous devriez avoir plus confiance en elle.

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