9 - « Palais d'or »

53 19 63
                                    

Dernier chapitre que je publie le jeudi. Je ne ferais plus qu'une publication hebdo, le lundi, pour cette histoire. Sinon j'ai l'impression d'écrire trop vite et de faire de la quantité au détriment de la qualité. ><

Bonne lecture !

***


OWEN


Le prince n'appréciait guère cette jolie voleuse sortie de nulle part, mais à mes yeux, elle paraissait plus fiable que lui pour m'extirper de ce bourbier royal. Car si ma mémoire ne me faisait pas défaut, mon compagnon encapuchonné n'avait jamais mis un pied en dehors du palais. Je doutais en sa capacité d'évasion, alors qu'il refusait d'user de sa position.

Tandis qu'il grommelait toujours, visage dissimulé, je m'élançai à la suite de la rouquine aux yeux larimar. Sans cette longue cape qui tombait jusqu'à ses mollets, son corps aurait été fort peu vêtu avec cette simple brassière et son short que les midinettes de mon monde affectionnaient en été. Une queue touffue balançait derrière ses fesses, bombant le tissu au fil de ses pas. Mon regard s'égara sur le sabre accroché à son flanc grâce à un système complexe de ceintures, puis remonta sur sa chevelure de feu et ses oreilles de chat. À l'image des lynx, deux plumeaux ornaient leur pointe.

Elle ferait une magnifique illustration, pensai-je, laissant mes pensées s'évader sur ma bonne vieille tablette graphique.

Étais-je condamné à ne plus jamais dessiner ?

Ce n'est pas le moment de s'en inquiéter!

Et plus que ma détermination à réveiller ma caboche de ses rêves malavisés, Suren me ramena à la réalité de sa poigne autour de mon biceps. Ses doigts griffus me semblaient anormalement chauds... ou peut-être était-ce moi qui commençais à avoir froid sous cet accoutrement lamentable ?

— Vous ne comptez pas lui faire confiance ? s'offusqua-t-il dans un murmure. Vous ne savez rien d'elle.

Je dégageai mon bras et repris la route.

— Je n'en sais guère plus à votre sujet, hormis une identité que vous dissimulez pour je ne sais quelle raison. Je ne connais même pas votre nom.

— J'ignore à quel sujet vous vous disputez, mais il serait préférable de vous taire, siffla la voleuse à l'avant.

Une main sur l'un des hauts battants d'albâtre de l'entrée, elle zyeutait l'autre côté par le maigre interstice qui découpait la gravure du portail. Je m'arrêtai à un bras de la demoiselle et levai les yeux sur la colossale renarde peinte en filigranes d'or et d'argent. Sous cette lumière claire, elle en devenait presque aveuglante.

Imshe... elle est décidément partout.

À sa simple pensée, je coulai un regard en arrière, sur la pierre volcanique que le prince serrait entre ses doigts. Il ne disait plus mot, mais sa bouche, rare partie visible sous sa capuche, exprimait sans en douter sa contrariété.

— Il n'y a personne, souffla la voleuse à mi-voix. Suivez-moi.

Elle se glissa par l'ouverture, sans le moindre bruit ou froissement de tissu. Je lui emboîtai le pas sans attendre et jetai un coup d'œil au prince. Il fulminait, mais se résigna à nous suivre. Bien qu'elle tombât mal, je comprenais sa colère. À vouloir rester incognito, il devait frayer avec une escroc qui s'était infiltrée dans son palais.

Ce n'est pas plus mal au final qu'il n'ait pas dévoilé son identité, pensai-je, tandis que notre guide nous aiguillait au fil des corridors immaculés et vides de monde. Elle nous aurait probablement abandonnés si elle savait qu'il était le prince.

Ténèbres d'ImsheOù les histoires vivent. Découvrez maintenant