44 - « Folles ou déterminées ? »

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SUREN


Isela serait folle furieuse si elle découvrait l'identité de Cliste. Ils avaient délivré de Champri la mauvaise personne... Suren se retenait avec peine de s'en ronger les griffes.

Comme si je n'avais pas assez de problèmes sur les épaules sans ce renifleur dans mon ombre!

Que savait-il exactement ? Pensant qu'il était un simple barde qu'ils ne reverraient jamais, ils lui avaient révélé pas mal d'informations au sujet de leur enquête sur la secte qui sacrifiait des gens pour Imshe. D'un côté, cela prouvait la bonne foi de la royauté à soutenir le peuple si le prince furetait personnellement, mais de l'autre, si la reine était liée à l'affaire, cela ne ferait qu'attiser davantage la haine des wabbans contre sa famille.

Et Owen... Cliste était-il au courant pour sa nature ? S'il la divulguait, tous les habitants de Waba tomberaient sur le pauvre humain.

Alors qu'il est coincé dans cette satanée ville souterraine, se rappela Suren.

Dans un soupir, il se laissa choir sur un fauteuil.

Tout part de travers.

Les coudes sur ses genoux, il glissa son visage entre ses mains jointes.

J'espérais ramener l'obscurité de Limpis, le frère d'Imshe, sur Sinduine, songea-t-il avec amertume. Pas me retrouver l'élu d'une secte et encore moins douter que ma mère soit à leur tête. Et encore moins que mon père est un pantin sans vie depuis je ne sais combien d'années.

Un frisson le parcourut, tandis qu'une idée sombre lui traversa l'esprit.

Était-il encore vivant avant ma naissance?

Suis-je un enfant de... brûlé?

Suren n'osait y penser davantage. Ce cauchemar lui donnait la nausée !

Il inspira profondément, le regard rivé sur le salon luxueux dans lequel Nésifie l'avait abandonné, quand la porte d'entrée claqua. Dans un sursaut, Suren fit face à la conseillère, accompagnée de sa mère la reine.

Une grimace défigura le beau visage du prince, à l'inverse de celui de sa mère qui transpirait de sérénité.

Nésifie m'a vendu? s'indigna Suren.

Que ferait donc sa mère en ces lieux si la conseillère ne lui avait pas tout raconté ?

— Nésifie m'avait prévenu que tu verrais mon arrivée d'un mauvais œil, mon garçon, avoua la reine, la mine peinée. Mon fils adoré, comment peux-tu craindre que je te fasse le moindre mal ?

— Disais-tu la même chose à père ? Ne me fais pas croire que tu ignores qu'il...

— Qu'il est mort de la lumière d'Imshe il y a plusieurs années, le coupa-t-elle. Comment une épouse pourrait-elle ignorer l'état de son conjoint ?

À ces mots, Suren sentit le peu de retenu qu'il lui restait se noyer sous un torrent de rage.

— Comment est-ce arrivé ? Pourquoi n'as-tu jamais rien dit ? Nésifie était au courant ? Vous usurpez le trône ensemble pour accabler le peuple dans la misère ?

— Calme-toi, mon fils. Tu t'égares.

— Alors explique-toi ! Expliquez-vous toutes les deux ! Et je verrai de moi-même si je « m'égare ».

Ténèbres d'ImsheWhere stories live. Discover now