47 - « Sous l'orbe »

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SUREN


Une foule ?

Suren percevait de nombreux murmures... qui s'élevèrent doucement en voix plus audibles. Comment d'un sous-sol vide d'âmes avait-il atterri au centre d'une telle agitation ? Sa curiosité à ouvrir les yeux gonfla dès lors qu'il reconnut le timbre d'Owen.

— Tu reviens à toi ! s'exclama son ami qui semblait agenouillé à ses côtés.

— Que s'est-il passé ? s'enquit le prince en se redressant avec précaution.

Assis à même le sol, il réalisa qu'un groupe de soldats les entourait.

La garde était-elle intervenue dans les sous-sols ?

— Nous sommes dans l'orbe, trancha Owen qui dispersa ses doutes.

Ce n'était pas la garde qui les encerclait, mais un bataillon d'humains.

Des humains !

— Tous... étaient... vrais ? bégaya-t-il médusé.

— En effet...

Suren plissa les yeux face au ton hésitant d'Owen. Pourquoi paraissait-il tant gêné de l'admettre ? Le prince le fixa, mais l'humain ne cessait de fuir son regard.

— Qu'attendez-vous pour ordonner à votre esclave de se lever ? grommela alors un humain en tête des soldats.

Esclave?

Une grimace déforma les traits de Suren. Voilà un qualificatif bien odieux dont il n'était pas habitué. Mais il n'eut le temps de questionner cet inconnu aux allures de capitaine, tandis qu'Owen lui saisissait déjà le bras et le relevait avec une vivacité qu'il ne lui connaissait pas.

— Fais profil bas, lui glissa-t-il à l'oreille. Les humains enfermés dans l'orbe ne sont pas la seule vérité que clamait ta mère.

La seule vérité? se répéta le prince dérouté. Qu'entend-il par là?

Mais bien qu'il se voilât la face, Suren comprenait le sens des mots d'Owen en son for intérieur. Les regards tantôt dédaigneux, tantôt inexistant à son encontre, parlaient d'eux-mêmes.

En dépit de son identité, qu'il n'avait même pas eu l'occasion de décliner, il n'était qu'un vulgaire esclave à leurs yeux. Si lui, le prince du royaume était vu comme un moins que rien par cette troupe d'humains, qu'en serait-il de son peuple ?

Tout était-il finalement vrai ?

Ces humains percevaient les autres races comme de simples inférieurs à dominer ?

Ce n'est pas possible... Les soldats sont des rustres! tenta-t-il de se convaincre. Les têtes pensantes se montreront plus respectueuses.

— Où allons-nous ? s'enquit Owen qui extirpa Suren de ses pensées.

— À l'autel de Limpis, répondit le capitaine d'un souffle. De là, votre neuri et vous pourrez nous extraire de ce faux monde créé de toute pièce par ces sales sauvages.

Un frisson parcourut Suren alors que le capitaine lui glissait un regard empli de haine.

— Écoutez, hésita Owen qui rattrapa le soldat qui marchait de deux pas devant eux. Les choses ont beaucoup évoluées depuis que vous êtes enfermé ici.

— Oui, nous nous doutons et voyons bien à travers les réminiscences qui filtrent dans notre réalité que ces barbares se sont octroyé plus de droits et de pouvoirs qu'ils n'en méritent.

Ténèbres d'ImsheOù les histoires vivent. Découvrez maintenant