Articles 1er

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Loi de l'an 1 de l'Ordre des Sept Royaumes des Protecteurs et de leur Dépendante.

Article 1er

Tout individu né homme aura l'obligation, lors du premier jour de sa vingt-sixième année, de se soumettre à la Sélection. Il deviendra le Protecteur de sa Dépendante qui lui devra obéissance jusqu'à sa mort.





Valéryan


— Bonne Sélection, fils. Que ton choix soit fertile.

    Je récupère mon manteau sur la patère et m'échappe de la présence écrasante de mon père.

    Fertile. De tous les termes qu'il pouvait utiliser, il a fallu qu'il choisisse celui-ci. C'est comme si, pour lui, les femmes étaient un engrais. Il ne voudrait pas qu'elle soit belle, gentille ou obéissante. Non. Il veut qu'elle soit une bonne pouliche et par-dessus tout, qu'elle me fasse un garçon, ou même dix —du moment qu'ils ont des couilles et un pénis.

    J'ai vingt-six ans aujourd'hui et bien que je ne me sente pas plus homme qu'hier, le monde en a décidé autrement. La Sélection m'attend, les Sept Royaumes tout entier se languissent de savoir qui sera ma dépendante, à quoi elle ressemblera et si elle saura se montrer à la hauteur de mon rang.

    Là-bas, quelque part dans le plus grand Institut du royaume d'Avia, une femme ne sait pas encore qu'elle est condamnée. Sans doute espèrent-elles toutes être choisies, devenir la dépendante du grand Valéryan, fils d'Emilien, héritier légitime des Sept Royaumes.

    Je n'ose même pas imaginer l'effervescence que cela doit être entre les murs de la forteresse qui compte plus de femmes que je n'en ai jamais vu.

    J'ai toujours rêvé qu'elles se battent pour moi —un combat de boue pour être exact. Combien de fois ai-je fantasmé sur une orgie de seins offerte en spectacle à mon pauvre cœur trop fragile pour supporter tant de beauté ? Mes draps s'en souviennent.

    J'arrive finalement à Prima, la capitale d'Avia et me perds dans mes pensées en laissant mon cheval flâner dans les rues. Ce n'est qu'au bout de quelques minutes que je réalise que je suis suivi par personne d'autre que mon ami qui se faisait discret. Je m'arrête et le dévisage, sans dire un mot. A son air contrit, nul doute qu'il a percé à jour mes idées peu reluisantes pour un jour aussi important. La bienséance n'a qu'à bien se tenir, ce n'est pas elle que je vais choisir aujourd'hui.

— Tu es prêt ?

    J'hoche la tête, surpris d'être encore impressionné par un homme que je connais depuis l'enfance. Il faut dire que c'est un homme qui a un charisme fou avec ses longs cheveux blonds relevés en un chignon impeccable et ses yeux bleus qui perceraient plus de mystères que n'importe quelle milice. Son costard sur-mesure noir n'enlève rien à son charme, pas plus que ses chaussures en cuir cirées au bout pointu qui ferait passer l'envie à n'importe qui de se prendre un coup de pied au cul.

— En partant maintenant nous arriverons vers onze heures.

— Serons-nous en retard ?

— Avec moi ? Jamais.

    Nicolas m'offre un sourire confiant à la limite d'être hautain et me montre la direction de l'Institut en donner un léger coup de talon dans les flans de son cheval. S'il n'est pas un homme qui aime les excès du fait de son statut ô combien restrictif, la vitesse d'un cheval lancé en plein galop est le seul excès qui le fait avoir une érection plus grande que mon ego. Nous avons tous nos petits plaisirs, la sensation de liberté est celui de Nicolas.

DÉPENDANTES [ L'émeraude des Sept Royaumes ]Donde viven las historias. Descúbrelo ahora