Article 23

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Aucune prétendante, dépendante ou esclave des Royaumes ne saura être communicante, qu'importe le royaume qui lui est propre et le statut de son protecteur. La condamnation à mort sera appliquée à tout dysfonctionnement de ce genre.


    Des cernes sous les yeux, je me lève avec l'aurore en prenant soin de ne pas réveiller Camille à mes côtés. Rester avec elle plus longtemps serait une erreur et je me connais suffisamment pour savoir que dès qu'elle montrera le moindre signe de vie, je ne pourrais penser à autre chose que son corps chaud lové contre le mien.

    Le problème étant qu'actuellement, le contact est la principale source de douleur de Camille.

    Alors je me glisse hors de la chambre et rallume le foyer de la cheminée du salon en tentant vainement de mettre de l'ordre dans mes idées.

    Dehors, les flocons m'hypnotisent et je finis par m'assoupir sur le sofa en laissant mon café refroidir sur la table basse.

— Valéryan ?

    Je me réveille en sursaut, cherchant une dague, un couteau ou n'importe quoi de tranchant à la hâte, ne trouvant qu'une tasse glacée et un plaid qui gît à mes pieds.

    Nicolas est debout face à moi, un café fumant à la main qu'il me tend.

— Tu as dormi ici ?

    Je m'empare de la tasse et le remercie en secouant négativement la tête.

— Non, mais je me suis levé à l'aube.

— Sommeil agité ?

— Une tête trop pleine.

    Je m'ébouriffe les cheveux en fixant le tapis de neige qui couvre les fleurs du jardin. J'aimerai aussi pouvoir mettre un voile sur toutes mes pensées, juste une couverture de neige le temps d'un hiver.

    Être l'héritier des Royaumes n'est pas une mince affaire, personne ne vous le dit à la naissance et les envieux seront les derniers à le reconnaître. Ils ne voient que le pouvoir là où j'enjambe les problèmes en m'enfonçant dans la boue de mes mauvaises décisions.

    Nicolas soupire en prenant place face à moi. Je profite qu'il soit seul pour entamer la discussion, bien qu'elle soit désagréable.

— Je ne laisserai personne l'envoyer en exil de l'autre côté de la mer.

— Je sais.

— Elle n'ira pas à Pariendi.

— Elle n'ira pas.

— Ni au Réseau.

— Certainement pas.

    Je réprime ma curiosité, surpris que mon ami d'habitude si dur en négociation accepte mes conditions sans broncher.

— Pas de condamnation à mort, de torture sur la place publique.

— Non plus.

— Je veux qu'elle reste à mes côtés.

    Il sourit.

— Je l'ai compris.

    Je me redresse et me lève souplement avant de raviver le feu qui s'éteint dans la cheminée.

— Ce n'est pas elle qui m'a contraint à prendre cette décision Nicolas, je veux qu'elle reste avec moi.

— Je l'ai vu.

— Crois-tu que ce sera possible ?

— Je crois que ça ne l'est pas.

    Je lui lance un regard de feu auquel il répond par un clin d'œil qui ne lui ressemble pas. Peut-être passe-t-il un peu trop de temps en compagnie de Quentin. Puis je reprends place sur le canapé, brûlant mes mains sur la porcelaine de mon café.

DÉPENDANTES [ L'émeraude des Sept Royaumes ]Where stories live. Discover now