Article 12

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La Dépendante, liée par son contrat d'appartenance, se devra de prévoir les besoins de son Protecteur, de quelque nature qu'ils soient. Sa prévenance sera le gage de sa valeur en tant que Dépendante.


    Me sentant étranger dans ma propre chambre aux allures de prison délicieuse, je tente de reprendre mes esprits. Camille ne m'y aide pas, la température vient d'augmenter considérablement pour un jour d'hiver.

— Vous êtes déboussolée, c'est tout à fait normal.

    Rien n'est normal, mais je me retiens bien de le lui dire.

    Camille est nue, pressante et terriblement à ma portée —celle de mes yeux et de mes mains moites qui réclament sa peau.

— Vous devriez vous habiller, vous pourriez attraper froid.

    A peine ai-je eu le temps de jeter un coup d'œil à mon dressing dans l'optique de lui prêter un gilet à se mettre sur le dos, que Camille rompt la distance nécessaire pour éviter tout contact. Elle lève sa main vers moi, puis l'autre, et s'évertue à défaire les boutons restants de ma chemise.

    Je reste immobile, pris de court par son côté entreprenant que je n'aurai pas osé imaginer dans mes rêves les plus indécents.

    Quand ses ongles viennent effleurer mon nombril, cherchant à défaire le dernier bouton qui sépare ma peau de la sienne, je me réveille. Je l'empoigne et la fait reculer brutalement.

    Mon cœur s'emballe, même si je ne suis plus réellement sûr de l'endroit où il se situe.

    Au moment où ma main se referme sur sa peau, le désir me saisit douloureusement, comme si mille aiguilles s'étaient plantées dans mon système nerveux. Je souffle ou gémis, je ne saurai dire, et la lâche avant de perdre totalement le contrôle que je me suis imposé.

    Ses grands yeux verts me regardent, larmoyants.

— Je ne sais pas faire, mais il suffirait que vous me dictiez mes gestes.

— Ce n'est vraiment pas le problème.

    Je recule contre la porte quand je la vois s'approcher de nouveau.

— Je sais que je suis vierge mais on m'en a parlé un peu à l'Institut, comment aimez-vous cela ?

— Comment ?

— Comment aimez-vous le sexe ?

    Aucune réponse ne me vient à l'esprit et pour être honnête, fuir cette conversation me semble être la solution la plus raisonnable. Me lancer dans des révélations sur la façon dont j'aime le sexe ne me permettrait pas de me dépêtrer de la vierge qui attend de moi quelque chose que j'ai un peu trop envie de lui donner.

    Je ne suis pas adepte de la frustration, ni de toute autre pratique qui favoriserait ladite frustration. Pour autant, je ne profite pas des femmes désespérées au point de coucher avec l'une d'elles parce qu'elle craint pour sa vie —et c'est exactement de cela qu'il s'agit.

    Camille a perdu toute raison parce qu'elle craint que le Roi la renie et l'envoie au Réseau, pour qu'elle se fasse violer par plusieurs hommes qui finiront par la tuer en l'étouffant avec leur sexe.

    Je suis le seul fautif de son angoisse, il est hors de question que j'en profite. Pas maintenant. Pas de cette façon.

— J'aime le sexe avec le consentement.

— Je consens, couine-t-elle en ne me souriant qu'à moitié. Vous consentez ?

    Est-ce que je consens ? Je me sens con bien plus que je ne consens. Lui dire non serait un outrage et un mensonge bien plus gros encore que mon érection. Lui dire oui serait laisser la porte ouverte à des opportunités que je n'aurai pas la capacité de gérer.

DÉPENDANTES [ L'émeraude des Sept Royaumes ]Where stories live. Discover now