Article 32

862 87 41
                                    




L'Ordre proscrit l'union des protecteurs et condamne les effrontés qui vont à l'encontre de cette règle en s'adonnant à une relation contre nature. Les communicants veilleront à traquer et punir par l'exil ou la mort ceux qui ont osé déroger à la loi.


— Mais tu es complètement malade !

J'hurle sur Quentin en arrachant la fiole des mains de Camille. Je suis hors de moi. J'étais obligé de lui conseiller de ne pas en prendre, c'était une question de bon sens. Il semblerait toutefois que l'esprit de contradiction de Camille ait pris le dessus sur la raison. Et c'est ainsi qu'elle se retrouve devant nous, le sourire aux lèvres et les yeux pétillants.

— C'est quoi les effets ?

Quentin hausse les épaules, boudant après ma réprimande alors que je sais bien qu'il s'en fiche totalement.

— Euphorie.

— Euphorie ? Juste euphorie ?

— Augmentation du rythme cardiaque, sensations exacerbées...

— Tu te moques de moi ?

— Quoi ?

Venant d'humer la dite fiole, Quentin n'a pas toutes ses capacités mentales et cela a tendance à m'agacer au plus haut point.

— Sensations exacerbées ? Bordel Quentin ! C'est une kinesthésique ! Tu crois vraiment que c'était nécessaire d'exacerber ses sensations ?

— J'avais pas pensé à ça.

Je me prends la tête entre les mains, désespéré. On ne va pas se mentir, je n'arrive déjà pas à contrôler les états d'âme de Camille en temps normal, mais alors là... autant tenter de réveiller les Dieux.

—  C'est une drogue généralement utilisée pour le sexe, ajoute Quentin avant d'ajouter rapidement ; mais c'est juste ce qu'on m'a dit !

Les informations refusent d'arriver jusqu'à mon cerveau.

— Tu es en train de me dire que tu n'en avais jamais pris avant ?

Il secoue la tête à la négative tandis que je m'avance et l'attrape par le col, prêts à lui décocher mon poing dans la figure.

— Tu es vraiment en train de me dire que tu n'as jamais essayé cette drogue avant d'en proposer à Camille ?

— Mais elle est inoffensive...

— Dis le à voix haute, dis-moi que tu n'as jamais essayé avant.

— Pourquoi ?

— Dis-le et l'exil à Pariendi sera le dernier de tes soucis.

Nicolas se lève pour nous séparer, souhaitant éviter qu'on en vienne aux mains. Pourtant ce n'est pas lui qui réussit à me calmer, mais la voix enjouée de Camille que j'entends derrière-moi :

— Valéryan ?

Je refuse de me retourner et de la regarder. Je ne pourrais supporter de la voir complètement droguée par ma faute, car oui, c'est ma faute. Elle a raison, je la frustre en permanence. L'interdiction est devenue son quotidien, et j'en suis l'unique coupable.

Ce soir devait être pour elle un lâcher prise, mais je n'ai pas su me montrer à la hauteur. Je passe mon temps à lui dicter sa conduite en posant sur elle un regard protecteur alors qu'elle n'en veut pas. Quelquefois j'ai l'impression que cette vie lui convient, puis je me souviens de sa tendance à prendre la fuite à l'Institut.

Camille ne se contentera jamais de ce qu'on lui donne.

Elle a besoin de prendre.

Je pourrais lui donner toutes les autorisations que je souhaite, cela n'aura jamais à ses yeux la même valeur que son libre arbitre. Qui suis-je pour freiner sa spontanéité ?

DÉPENDANTES [ L'émeraude des Sept Royaumes ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant