DÉPENDANTES [ L'émeraude des Sept Royaumes ]

Article 30

Je vous souhaite une belle lecture pour les dix chapitres suivants, en espérant vous surprendre et vous donner envie de lire le tome 2 ♥️

Que la suite vous soit fertile 🙄

👑

Aucune croyance, qu'elle soit motivée par la foi ou l'éducation, ne devra détrônée l'allégeance que les protecteurs vouent au Roi. Tout citoyen cherchant à compléter la prophétie sera sévèrement sanctionné.

Camille

Arlette est une femme tout droit sortie d'un monde féérique avec ses longues robes aux couleurs clinquantes et ses cheveux blancs qui me font penser à la neige. Même ses rides apportent quelque chose à son personnage, c'est un peu comme si elle avait la connaissance du monde et que le soir, elle trinquait avec les Dieux quand nous, simples mortels, sommes endormis.

Je suis impressionnée par cette femme, sa prestance, le respect qu'elle inspire. Jamais je n'aurai cru avoir envie de faire la révérence à quelqu'un d'autre qu'un homme, pourtant je m'inclinerai devant elle si elle m'en faisait la demande.

Elle s'avance, me sourit et prend place sur le sofa à gauche du lit. Je n'ose bouger jusqu'à ce qu'elle me fasse signe de m'asseoir à mon tour. Alors je le fais, posant une fesse à peine sur le rebord du lit, prête à me lever à n'importe quel moment pour je ne sais quelle raison.

Il y a une fée dans la chambre de Valéryan.

— Nous n'avons jamais eu l'occasion de discuter toutes les deux, ne trouves-tu pas que c'est un acte manqué ?

Je souris. En réalité, je ne trouve pas que ce soit un acte manqué au vu de mon malaise évident. Je n'aime parler à personne, j'aime la tranquillité, le silence et la nuit. Cela ne veut pas dire que je n'aime pas les gens qui m'entourent, juste que les obligations sociales ne me conviennent pas.

Avec Valéryan, c'est différent. Les choses sont simples, limpides. Il ne parle que quand c'est nécessaire et ne m'oblige pas à lui répondre. Parfois j'ai même le loisir de l'écouter sans qu'il ait besoin de parler et cet échange-là est de loin mon préféré —son esprit est doux.

Je ne connais pas la douceur, cela pourrait paraître un peu osé de dire que son esprit est doux sans savoir ce que cela signifie vraiment, mais je n'ai pas de mot qui pourrait mieux convenir. Quand je suis dans sa tête, c'est comme si un million de plumes viennent me chatouiller. Elles voltigent autour de moi et me murmurent de jolies choses dans une langue qui n'appartient qu'à nous.

— Valéryan ne t'a pas dit que tu avais le droit de parler quand tu es à la Braise ?

— Si, madame.

— Appelle-moi Arlette, nous ne sommes pas si différentes toutes les deux.

Nous sommes différentes, pour un million de raisons.

— Que voulez-vous dire ?

— Nous sommes différentes aux yeux des Royaumes, mais au fond, nous sommes les même.

— Je ne suis pas comme vous. 

— Comment me perçois-tu Camille ?

Comme une fée aux robes multicolores qui cache bien ses petites ailes sous tous les voilages de ses toilettes.

Je croise les bras sur ma poitrine, me sentant bien ridicule dans ma robe échancrée qui me donne l'allure d'une femme délurée. Et si j'ai aimé le regard de Valéryan quand il m'a vu dans cette tenue, il est beaucoup plus difficile depuis qu'il m'a laissé avec Arlette de me sentir ainsi dévêtue.