Article 26

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Les communicants seront éduqués dès l'éveil de leur don à traquer les effrontés et toute autre abomination allant à l'encontre de l'Ordre.


Valéryan


Le froid me fouette le visage à chaque foulée de mon cheval, pour autant je ne ralentis pas. J'ai besoin de reprendre mes esprits et me reconnecter à la réalité. Ces dernières semaines ont été intenses —dans tous les sens du terme.

Camille ne fait aucun progrès, parfois j'ai même l'impression qu'elle régresse. Elle tente de me toucher, puis se laisse complètement aller et c'est à moi d'essayer de lui imposer des limites. Mais à chaque fois, j'échoue. Elle pourrait faire de moi ce qu'elle veut rien qu'en posant sa peau sur la mienne. Peut-être que ça devrait m'effrayer, mais pour l'heure Camille n'utilise cette capacité que pour assouvir sa curiosité quelque peu déplacée.

Qui irait s'en plaindre ? Certainement pas moi.

Le problème c'est que le couronnement a lieu dans moins de deux mois. A la deuxième lune de la nouvelle année, je serai roi. Et Camille sera ma Dépendante, pas juste celle que je peux me permettre de cacher dans mon manoir.

— Quand ton père doit-il rentrer de son voyage ?

Je n'avais pas vu Quentin qui s'est avancé à mon niveau, visiblement inquiet des tourments qui me taraudent.

Devant nous, le château se dessine tout au fond de l'allée de pierre bordée de vide.

Je ralentis et trottine jusqu'à l'entrée en reprenant mon souffle.

— Dans quelques jours, il est à Pariendi.

— Que fait-il là-bas ?

Je grimace, ne souhaitant pas avoir la réponse à cette question. Pariendi est une terre de misère et de désolation, nul doute que le Roi n'y est pas en voyage pour y passer du bon temps.

Il y a pourtant passé le plus clair de mon enfance.

— Et si nous profitions qu'il ne soit pas là ?

— Si seulement il pouvait y rester pour toujours.

Les sourcils froncés, Quentin regarde droit devant lui. Sa haine envers la couronne est légitime et je ne peux que lui apporter mon soutien.

Baptisé effronté avant même de savoir ce que cela voulait dire, mon ami a subi les injustices des Royaumes de plein fouet. Pour quelle raison ? Parce que son amour était voué aux hommes et non aux prétendantes qui attendaient sagement le jour de sa Sélection pour lui appartenir.

Il a bien tenté de plaire aux Royaumes pour ne pas être exilé, mais son cœur ne pouvait se résoudre à aimer convenablement les femmes. Elles ne l'attirent pas, ni habillées, ni nues. Il les aime, soyez-en certains, mais plus comme des sœurs que comme celle qui l'attendra nue dans des draps chauds.

Quentin s'amuse à dire qu'il n'a dans son lit que de la barbe et des jolis petits culs bien virils. Pour le reste, il n'a pas besoin de le dire à voix haute que Nicolas en a régulièrement la nausée.

Nous mettons pied-à-terre en laissant nos chevaux aux palefreniers et nous engouffrons sans prendre la peine de nous annoncer à l'intérieur de l'immense château qui sera bientôt le mien.

— Pourquoi venir ici ? Tu veux prévoir la future déco ?

J'ignore la moquerie de Quentin et traverse le salon a pas de course pour me rendre dans la bibliothèque, laissant derrière moi les peintures des femmes nues m'observer depuis le plafond.

DÉPENDANTES [ L'émeraude des Sept Royaumes ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant