DÉPENDANTES [ L'émeraude des Sept Royaumes ]

Article 16

Aucun Protecteur ne pourra nommer sa Dépendante "Elisabeth". Que la trahison et la perfidie d'Elisabeth servent les Royaumes, qu'elle repose en évitant la paix au milieu des ossements de ceux qui ne toucheront plus.

Camille

Je connais l'histoire des Sept Royaumes, je la connais par cœur. Chaque jour mes précepteurs m'en faisaient la lecture, me répétant sans cesse la même chose jusqu'à ce que j'aie la capacité de tout mémoriser.

A l'Institut, tout tournait autour de l'histoire des Sept Royaumes. Du lever au coucher. Et si j'avais le malheur de ne pas me comporter de la bonne manière, ma sanction était de lire encore et encore l'énorme recueil qui relatait les faits.

Qu'est-ce qu'ils espèrent m'apprendre que j'ignore ?

— Il y avait Sept Royaumes, et dans chacun d'entre eux, un roi et une reine. Tu connais déjà les Sept Royaumes n'est-ce pas ? me demande Quentin, bien qu'il ne s'agisse que d'une question rhétorique.

— Oui.

— La légende de la Nuit raconte qu'un jour la déesse s'est sentie si seule qu'elle s'est isolée sur les monts de Muliebris pour pleurer, et qu'ainsi ses larmes ont créé les mers que tu connais.

Je fronce les sourcils. Je n'en ai jamais entendu parler.

— La Déesse ?

— Tu ne connais pas l'histoire de nos Dieux? s'étonne-t-il comme si j'étais une idiote.

— Il n'y a que toi pour croire à des légendes, Quentin, le rabroue mon protecteur.

— Tu diras pas ça quand...

— Ce n'est pas le problème, coupe Arlette, agacée.

Tout cela n'a aucun sens. Il y avait Sept Royaumes, un roi et une reine dans chacun d'entre eux et un jour, la reine d'Avia est venue bouleverser l'ordre établi en trahissant son mari. Cette histoire de Dieux semble être sortie tout droit de leur imagination, de plus je n'en ai jamais entendu parler à l'Institut.

— La seule chose qu'il faut que tu retiennes Camille, reprend Arlette avec douceur, c'est que les Royaumes les plus riches se situaient au nord, tandis qu'au sud...

— Les plus pauvres.

— Exactement.

— Mais la grande guerre a commencé à cause de la trahison de la reine Elisabeth, je réfute, persuadée de la véracité de mes propos.

En face de moi, Lisa souffle et la colère monte en moi. Je serre mes poings sous la table, regrettant le temps où l'apprentissage se limitait à réviser ce que je connaissais déjà.