Article 19

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Aucune Dépendante, Prétendante ou individu de sexe féminin ne se verra honoré d'être un communicant au service de la couronne qui règne sur les Sept Royaumes.


— Nicolas, c'est toi ?

Je descends les escaliers en colimaçon sans prendre la peine d'enfiler quelque chose sur le dos malgré le froid qui me mord la peau. Je suis bien content d'avoir un pantalon quand j'aperçois mon ami accompagné de Camille dans l'entrée du manoir.

Je m'arrête net sur la première marche, ne sachant pas si ma présence est appréciée ou non.

Ils ont passé la nuit à la Braise et, une fois n'est pas coutume, je n'ai pas pu fermer l'œil. L'inquiétude que j'éprouvais pour Camille a eu raison de mon sommeil, le regard accusateur que m'a lancé le communicant en nous rejoignant dans la chambre la veille est marqué au fer rouge sur mon âme —ou ce qu'il en reste.

Il a cru que je l'avais violée.

Mon ami m'a jugé coupable d'un acte aussi répugnant.

Depuis lors, je n'ai qu'une chose en tête ; qu'il sache.

— Camille est fatiguée, elle va se reposer.

— Vous vous sentez mieux ? je questionne Camille, d'un ton un peu trop pressant pour un homme qui est censé lui laisser un peu d'espace.

La concernée ne m'offre même pas un regard et attend que je me décale pour grimper les escaliers en mettant un maximum de distance entre nos deux corps. Le feu d'hier a définitivement été éteint, je ne suis pas certain qu'il reprenne un jour. Est-ce une bonne ou une mauvaise chose ?

Je prierai tous les Dieux, qu'ils soient oubliés ou non, juste pour une étincelle.

Je finis par accepter qu'elle ne me réponde pas, bien conscient qu'en dehors de la Braise, Camille attend mon autorisation pour parler. Le problème étant que si je lui donne, je n'ai pas la certitude qu'elle ait vraiment envie de me parler —là est la limite de la liberté.

— Pourquoi vous ne rentrez que maintenant ?

— Elle avait besoin de repos.

— Elle aurait pu se reposer ici.

— Elle n'était pas en état.

— Je l'aurai porté.

— Elle ne voulait pas que tu la touches, moi non plus.

J'avale ma salive.

— Toi non plus tu ne voulais pas que je la touche ?

— Non, elle ne voulait pas non plus que je l'approche.

Soulagé, je descends et lui fais signe de me suivre en attrapant un gilet qui traine sur la patère du hall d'entrée. Je passe par la cuisine et nous prépare deux cafés dans des bols plus prévus pour servir une soupe qu'une bonne dose de caféine.

Quelque chose me dit que nous en avons tous les deux besoin. 

— Sucre ?

— Deux.

— Comment tu fais pour garder tes muscles en mangeant autant de sucre ?

— Je passe mon temps à te courir après, et toi ?

Je mets deux sucres dans chacun de nos bols et souris, la légèreté de notre échange me fait du bien et efface partiellement les accusations de la veille.

Partiellement.

— Je suppose que je passe mon temps à essayer de t'échapper ?

— Tu n'y arriveras jamais.

DÉPENDANTES [ L'émeraude des Sept Royaumes ]Where stories live. Discover now