Chapitre 26 - Oui et non.

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J'entends ma jolie brune pouffer de rire à travers le combiné, ce qui me déclenche un sourire immédiat.

— Cali : Je ne m'y attendais pas, mais dis comme ça c'est plutôt sexy.

J'ai beau avoir le cerveau embrumé, la réécouter m'apaise plus que la verte. Je détends mes jambes et me rallonge confortablement au sein de cette chambre noire. L'avoir au téléphone m'aide à me concentrer sur sa voix même si elle n'est pas près de moi.

— Isaac : C'est pour le côté surprenant.
— Cali : C'est réussi ! Je ne pensais pas que t'allais décrocher  vu que tu étais de sortie, mais je voulais tenter ma chance pour t'entendre.
— Isaac : Je suis rentré plus tôt finalement. Donc t'as carrément bien fait.

Installé sur le dos, je passe une main derrière mon crâne avant de mettre Cali sur haut-parleur. C'est con, mais ça me donne l'impression de l'avoir à côté.

— Cali : Ah ? C'était pas top ?
— Isaac : Je pense que je n'ai juste pas la tête à ça.
— Cali : Toi aussi tu cogites ?

Question piège ?

— Isaac : Ça y ressemble en tout cas.
— Cali : Alors nous semblons être dans le même cas.

Je ne me sens pas d'attaquer sur ce terrain-là ce soir. Mon cœur s'accélère et des fourmillements apparaissent à l'intérieur de mon corps. Je ne veux pas dire n'importe quoi, pas avec elle.

— Isaac : Et je n'ai pas le droit à quelques indices concernant ton envoi secret ?

Son rire éclate une nouvelle fois au creux de mon oreille.

— Cali : Certainement pas ! Ça ne marche pas comme ça mon p'tit !
— Isaac : Mon p'tit ? T'as de la chance d'être loin de moi mademoiselle, sinon —
— Cali : Laisse-moi deviner... Ça se transforme en une seconde nuit d'amour ? C'est ça ?

Je mords instinctivement ma lèvre inférieure à la suite de cette vague de frissons. Mon pouls s'emballe tout comme mon excitation à la vision de nos premiers touchés. Putain, c'est terrible ! C'est terrible parce que je n'arrive pas à contrôler mes réactions physiques et psychiques.

— Isaac : Tu sais que t'es en train de me torturer l'esprit là.
— Cali : Perso, ça fait déjà quelques jours que je martyrise le mien... Enfin bref.

Son intonation se modifie instantanément une fois sa pensée mise à nue. Elle est touchée, voir blessée de la situation et je le sens. Et si je ressens autant ses états d'âme, c'est parce que je le vis avec elle.

— Isaac : À la limite de te fracasser le crâne contre un mur ?

Son rire embarque le mien. Même si je lui pose cette question sans avoir pris le temps d'y réfléchir, j'étais très premiers degrés en réalité.

— Cali : Putain, t'es radical toi ! Disons que c'est par vagues... Je me sens d'abord sur un petit nuage et dès que tu traverses mon esprit, j'ai peur de la chute. Et celle-là va me faire mal, j'en suis consciente.

Je frotte mes yeux afin de me remettre les idées en place. Aucun son n'arrive à sortir de ma bouche et nos maux paraissent identiques, alors que ça ne devrait pas.

— Cali : Au vu de ton silence, j'ai cassé l'ambiance hein ?

Ouais, on peut l'interpréter comme ça en étant pragmatique.

— Isaac : Non, c'est juste que... C'est juste que je ne sais pas quoi te répondre.

C'est à son tour de se fondre dans un mutisme pesant. Je l'entends à deux reprises recracher la fumée de ce que je présume être sa clope. Putain ! C'est quoi cette situation merdique encore ? Je n'ai pas le droit de me taire, pas comme ça.

ALCHIMIE.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant