Chapitre 37 - L'obscure clarté.

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Ma jolie brune m'a demandé d'être vrai avec elle. C'est légitime et elle a le droit de réponse. Le problème c'est que dans mon crâne c'est le bordel et tout ce qui se produit n'était pas prévu, encore moins avec notre ébat qui vient de se dérouler. Et puis, je ne peux pas m'exprimer comme elle a pu le faire au travers de sa lettre.

Il paraît qu'on discute plus à cœur ouvert quand il fait nuit noir, alors il est peut-être temps de tenter l'expérience pour que je me fasse mon propre avis. En tout cas, n'importe où cette conversation nous mènera tous les deux, je veux la garder précieusement contre moi.

— Isaac : C'est le moment de parler de tout ça. C'est ça ?

Je préfère prendre la température même si je suis certain de sa réponse. Je dois tenir ma promesse et lui expliquer pourquoi j'agis comme un con avec elle.

— Cali : Oui. J'ai besoin de savoir ce que tu ressens et comment tu vis le truc. Parce qu'en suivant tes conseils, je me suis mangé un joli mur en pleine face. Et le mur, c'était toi, Isaac.

L'entendre prononcer ses mots ne me fait pas plaisir, dire l'inverse serait mentir. Cali ne prend pas de pincette pour exprimer ses états d'âme contrairement à moi. Pourtant, elle me pousse à le faire.

— Isaac : Je sais et je suis désolé pour ça, crois-moi. Mais pour être franc, je ne savais pas à quoi m'attendre avec cette lettre surprise. D'autant plus que c'est la première fois qu'on me fait quelque chose d'aussi personnalisé et sincère.

J'enlace mes doigts aux siens pour me donner plus de courage avant de continuer.

— Isaac : Si je ne t'ai pas répondu, c'est parce que ça me fait peur tout ça, tu as raison. Tu n'étais pas prévu dans mes plans et ça m'embrouille l'esprit. Et quand j'ai lu ta dernière phrase accompagnée de l'échantillon de parfum de l'Homme Idéal, ça m'a complètement rongé le cerveau. Je ne suis pas ce mec-là, Cali.

Nathalie Portman change de position et cale sa tête contre mon torse pendant que ses doigts compressent les miens. Je crains sa réponse et les retombées qui vont s'abattre sur nous, alors je profite de cet instant de douceur qui traîne encore. Je ne peux pas me défiler et fuir comme j'ai l'habitude de le faire, tout simplement parce qu'elle ne mérite pas ça.

Expliquer l'évidence n'est pas évident quand la balance est à parts égales.

— Cali : Et là tu vas m'apprendre que je ne suis pas assez bien pour toi ou qu'on n'attend pas la même chose. Non ?

Je déteste quand on essaye de penser à ma place, surtout pour dire des conneries pareilles. Ce sont des raisons qui ne me concernent que moi, c'est bien toute la problématique.

— Isaac : Je vais bientôt partir à cause de mon métier, Cali. Je vais voyager à travers le monde et je n'aurais pas de logement fixe. Et dans le meilleur des cas, je serais à Paris pour mes jours de repos.

Le connard égoïste que je suis se tire une balle dans le pied avant de la toucher en plein cœur.

— Isaac : Je ne veux pas faire n'importe quoi avec toi. Je n'ai pas envie de te voir souffrir ni de perdre ce qu'on a là, ensemble.

De chaudes larmes commencent à couler sur le haut de mon torse. Mon cœur se pince lorsque ma vérité éclate. C'est d'autant plus atroce quand ce que tu ressens te dit l'inverse, mais que tu choisis la voie de la raison. Putain ! J'ai un sale goût amer dans la bouche. J'ai le sentiment de regretter mes mots alors que je me le suis interdit. J'ai dû mal à avaler ma salive, ma gorge est totalement nouée et j'ai l'impression d'avoir brisé ce qu'on aurait pu être.

ALCHIMIE.Onde histórias criam vida. Descubra agora