Chapitre 72 - Confidences

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ISAAC

— Alma : Alors ? Tu as réussi à planifier tes vacances avec ta jolie brune ?

Je me suis rendu compte qu'il était plus facile de se confier lorsque nous connaissions moins les personnes. Malgré nos différences avec Pocahontas, nous parlons beaucoup ensemble. Le plus étrange c'est que le sujet du relationnel revient régulièrement, chacun avec un point de vue qui diverge.

À la suite de sa question, j'avale une gorgée de café tout en la fixant.

— Isaac : Je ne peux pas te dire, elle ne m'a toujours rien confirmé.

— Alma : Qu'est-ce que tu attends pour lui demander ?

Ces temps-ci, je suis celui qui envoie le message en premier sans avoir aucun retour. Je subis la putain d'ignorance que je m'autorisais d'émettre. Ce silence pesant qui m'offre toutes ces phases d'incompréhensions. Comme si depuis notre dernière entrevue avec Cali, quelque chose avait changé. Même si cela ne reste qu'une supposition, cette idée ne me quitte pas.

— Isaac : C'est à son tour de m'écrire. J'estime avoir fait ma part.

Alma roule des yeux en soupirant. À force de la côtoyer, je sais qu'elle va de nouveau faire l'avocat du diable. Dans la plupart des cas, c'est ce qui anime nos discussions.

— Alma : Purée... Tout est toujours une question de fierté avec toi. C'est dommage, parce qu'au final, tu restes bloqué dans un schéma que tu ne souhaites pas. En agissant ainsi, tu te tires tout seul une balle dans le pied.

Ma dernière goutte d'expresso passe mal à l'intérieur de ma gorge suite à sa légère leçon de morale. Rictus nerveux au coin des lèvres, j'en profite pour saisir une clope de mon paquet et me prépare pour sortir.

— Alma : C'est vrai qu'il est mieux de partir t'intoxiquer plutôt que de me donner raison. N'est-ce pas ?

Agacé par ses propos, j'arrange ma veste et pousse ma chaise contre la table sans lui adresser le moindre regard. Piqué, je ne peux pas m'empêcher de lui balancer le fond de ma pensée.

— Isaac : Putain... C'est triste à ton âge d'avoir ce genre de discours. On dirait une vieille daronne qui n'a aucune idée de ce qu'il se passe à l'extérieur.

Sans lui laisser le droit de réponse, je me dirige vers la sortie. Le sujet de Cali est sensible et me braque aussitôt. Même si je suis loin d'être irréprochable au niveau sentimental, je tente de m'améliorer chaque jour à ma manière. Pourtant, quand je crois faire dix pas en avant, c'est tout l'inverse qui se produit. Elle, qui m'a incriminé de ces longs silences, imite les comportements qu'elle déteste à la perfection.

Cali n'est pas parfaite non plus. Et si elle agit de cette manière, c'est qu'elle me cache quelque chose. Chose que j'ai besoin de découvrir, même si je me le suis interdit. Cette tentation de connaître cette vérité est bien plus forte que moi.

Une fois dehors, je sors mon tél. de ma poche et scroll les actualités qui s'affiche en première page des réseaux sociaux. À cause de mes soupçons à l'égard de ma jolie brune, je tape son nom dans la barre de recherche pour y voir ses activités récentes. Depuis plusieurs mois, elle a pris pour habitude de partager ses coups de cœur musicaux sur son profil. Mais là, ça fait trois semaines qu'il ne se passe rien. Le néant. Le vide intersidéral.

— Alma : Tu imagines que je dois te rejoindre pour te demander des excuses ? Ça ne te viendrait pas à l'esprit de toi-même ? Au cas où tu ne l'aurais pas remarqué, tu m'as blessée, Isaac.

Je verrouille mon tél. et fixe Alma qui se fige face à moi. Irritée, ses bras croisés contre sa poitrine montrent l'importance qu'elle apporte à sa demande d'excuse. J'avance d'un pas et joue avec mon anneau argenté accroché à mon oreille. Dans les situations de ce type, ça me rassure d'établir ce geste.

ALCHIMIE.Where stories live. Discover now