Chapitre 54 - Lonely feelings

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CALI

— Maryne : Laisse-moi deviner... Lendemain de cuite ?

Ma pilote me fait sortir de ma rêverie ou plutôt de mon dernier au revoir avec Isaac. Je repasse en boucle notre instant d'amour sous la douche accompagné de son « je t'aime » qui résonne encore à l'intérieur de mon cœur et de mon esprit. Ces deux putains de mots si courts regorgent de sens. Ils sont tellement intenses, poignants et déconcertants à la fois que je ne sais plus où je campe.

Suis-je sur un nuage doré ou sous un orage menaçant ? Instinctivement, j'opterais plus pour la seconde option, même si je rêvais de la première.

Je retire un écouteur pour rattraper le fil de la discussion. Pour être honnête, je n'ai vraiment pas envie de parler. Si j'avais le choix, je serais resté dans ma bulle, à me souvenir de ses moindres faits et gestes, de son sourire, de ses paroles et de son regard qui a su une nouvelle fois lire entre mes lignes.

J'ai peur d'oublier ces moments qui me font sentir vivante. C'est ça le problème.

— Cali : Ouais, c'était une soirée plus qu'arrosée. Mon visage est si ravagé que ça pour que tu le soulignes ?

Un rire lui échappe avant qu'elle me montre son désaccord en secouant sa tête de gauche à droite.

— Maryne : Toi le visage ravagé ? J'espère que tu rigoles !

Sa sympathie m'offre un rictus à la commissure de mes lèvres et m'aide à me sentir plus à l'aise. C'est vrai qu'au premier abord, la jolie châtaine a dû me prendre pour une sauvage.

— Maryne : Tu n'imagines pas à quel point j'aimerais être dans ton cas. Ça me manque ! Franchement, quelle idée j'ai eue de faire médecine ? Parfois je me le demande...

Il est clair que ce domaine n'est pas fait pour moi. Pourtant, j'admire ces personnes qui sont prêtes à tout pour offrir un second souffle à ceux qui en ont le plus besoin. Il faut être armé de courage lorsqu'il est question de vie ou de mort, surtout quand il est possible de s'oublier soi-même pour le bien-être d'autrui.

— Cali : Si ça peut te rassurer, le problème n'est pas de faire la fête. Bien au contraire ! Par contre, le lendemain te rappelle à l'ordre en un éclair.

— Maryne : Ben tu vois, même le fait d'être dans cet état me rend nostalgique au même titre que d'avoir un mec !

Décidément, le retour à la réalité est plus rapide que prévu.

— Maryne : Parce que dans la médecine c'est compliqué de se poser concrètement avec quelqu'un. Tu n'as jamais le temps de partager des moments à deux. Enfin, de vrais instants de vie, je veux dire.

Avant de rebondir sur ses dires, je m'allume une clope et lui en tend une qu'elle accepte volontiers. C'est quand même un comble de tomber sur une future médecin qui a aussi cette addiction et qui autorise ses passagers de fumer à l'intérieur de sa caisse.

— Cali : Tu sais, moi je trouve que ce n'est pas si mal d'être seule parfois.

— Maryne : C'est parce que c'est plus simple de s'en convaincre, mais en vérité, personne n'a envie d'être seul. Du moins, sur le long terme.

Merci, Maryne, pour ces mots, mais ce n'est pas ceux que je souhaite entendre.

— Cali : Tout dépend sur qui tu tombes.

— Maryne : Ça, c'est sûr ! En tout cas, moi j'aimerais un mec qui soit là sans trop l'être.

Dubitative et curieuse, je n'hésite pas à l'interroger.

ALCHIMIE.Where stories live. Discover now