Chapitre 1

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Début de rédaction : 01/12/2022

La soirée semblait presque banale, une routine à laquelle j'avais presque fini par m'habituer.

Assise seule dans cette immense salle, je sentais la douce brise estivale entrer par la grande fenêtre à galandage dans mon dos. Le courant d'air se mêlait à ma respiration calme, créant une atmosphère apaisante. La quiétude était essentielle en ce moment, car je savais que la moindre erreur était inacceptable. En face de moi se trouvait mon objet de désir, brillant sous la lueur de la lune. Chaque rayon de lumière faisait ressortir la valeur des précieuses gemmes.

Je n'étais pas le genre de personne à trahir la confiance de mes clients, surtout lorsqu'ils payaient une fortune pour mes services impeccables. Cependant, je ne pouvais nier que le bijou qui reposait sur son socle en velours correspondait à mes goûts. Il était composé de quinze gemmes finement taillées en or blanc, mais ce qui le rendait vraiment extraordinaire était le diamant noir de vingt-huit carats, entouré de seize petits rubis flamboyants qui ornaient le pendentif. J'imaginais déjà le poids du collier autour de mon cou, captivant tous les regards lorsqu'il se poserait délicatement sur ma poitrine, les yeux de tous se perdant dans cette vision divine.

En retirant mes lunettes de vision nocturne, je m'approchais de cette parure unique. Autrefois, elle avait appartenu à Catherine II, l'impératrice de toutes les Russies, mais avait été perdue pendant la révolution en 1917. Elle était restée cachée pendant près d'un siècle, oubliée au fond d'un grenier, jusqu'à ce qu'elle soit retrouvée par pur hasard. Puis, le collier avait été vendu aux enchères pour cinq cent soixante-dix mille dollars, et aujourd'hui, sa valeur avait triplé.

Voilà la raison pour laquelle je me trouvais au deuxième étage de la villa excentrique d'un milliardaire était double. D'une part, le travail promettait une rémunération généreuse, et d'autre part, il n'y avait rien de plus excitant pour moi que de m'introduire chez des inconnus pour voler leurs biens les plus précieux. J'acceptais toujours le défi avec une conscience claire que la situation pouvait basculer d'un instant à l'autre. Le défi de braver les lois était devenu ma spécialité, mon talent indéniable reconnu à travers le monde. Au fil des années, j'étais devenue une légende, au grand désarroi des autorités qui ne pouvaient que serrer les dents à chaque fois que je leur échappais. Cette nuit ne ferait pas exception.

Toutes les caméras stratégiquement placées dans la pièce étaient hors service, tout comme les dispositifs de sécurité médiocres. J'avais le champ libre dans cette salle aux trésors, un assortiment de convoitises. Les tiroirs débordaient de bijoux, de montres et de pièces de collection. Sur les murs, des œuvres d'art de grande valeur, une peinture dorée de Gustav Klimt, et un Picasso aux couleurs sombres se noyant presque dans l'obscurité. D'autres reliques précieuses captaient mon attention. Cependant, mes intentions étaient focalisées sur un seul objectif. Je sortis une grande boîte carrée de mon sac à dos. Mon souffle se fit court alors que je posais mes mains gantées sur le collier, le soulevant délicatement de son socle pour le ranger dans son écrin.

J'appréciais le silence, et je savourais l'idée que les propriétaires de cette demeure et de ces bijoux dormaient paisiblement juste en dessous de moi, dans l'ignorance totale de ma présence. L'idée de leur réaction en découvrant la disparition de leur bien le plus précieux me procurait un immense plaisir. Ils pourraient bien appeler la police, tout mettre en œuvre pour me traquer, mais demain, je serais déjà loin, hors de portée et prête pour ma prochaine aventure.

Je rabattais mes lunettes avant de rejoindre la fenêtre s'ouvrant sur un balcon. Mais avant même que je ne pose un pied dehors, mon attention se déporta sur un tiroir entrouvert.

Un bijou captivait mon attention, et je pouvais sentir les battements de mon cœur s'accélérer. Avec précaution, j'ouvris le tiroir pour découvrir une collection de bagues en argent et en or, ornées d'émeraudes, de topazes, et de grenats. Cependant, celle qui m'intriguait n'était pas une bague de saphir. Pour en avoir le cœur net, je sortis de ma poche une loupe triplet équipée d'une petite LED, me permettant d'examiner la pierre de plus près. Aucune imperfection, une pureté inégalée, c'était un diamant, cela ne faisait aucun doute. Sa valeur était estimée à soixante-quinze mille dollars pour un quart de carat, mais ce qui me fascinait autant que sa valeur, c'était sa beauté.

J'aurais pu résister, fermer le tiroir et reprendre ma route, mais la tentation était irrésistible. D'autant plus que cette bague semblait destinée à orner mon doigt. J'hésitai un instant, puis décidai que c'était une petite récompense bien méritée après ces jours d'efforts acharnés. Après tout, il ne s'agissait pas simplement de me glisser par une fenêtre au bon moment. En amont, j'avais consacré des heures à scruter les moindres faits et gestes de mes cibles, à explorer chaque recoin de cette villa pour trouver la voie d'entrée parfaite, en toute discrétion. Je méritais ce bijou, une manière de me féliciter pour tout cet investissement. Sans hésitation, je glissai la bague dans ma poche avant de poursuivre ma progression vers la voie d'extraction.

Sur le balcon, ma corde pendait toujours dans le vide. D'un geste assuré, je passai par-dessus la rambarde, enroulai un pied autour de l'attache et m'agrippai fermement à la corde, prête à descendre les six mètres qui me séparaient de la terre ferme.

Falko Reis, qui avait attendu patiemment adossé contre le mur pendant dix longues minutes, me questionna dès que mes bottes touchèrent le gazon humide. D'un simple mouvement le grappin rétractable se détacha de la balustrade en granit et la corde me tomba entre les mains. Je m'empressai d'enrouler cette dernière autour de mon bras tout en rejoignant mon coéquipier.

- Alors ?

Un sourire se dessina sur mon visage alors que j'ouvrais mon sac à dos pour ranger mon matériel, dévoilant l'étui en cuir. Les yeux ambrés de Falko s'illuminèrent à la vue de la parure, et sa mâchoire s'entrouvrit. Du bout de mon doigt, je refermai sa bouche, tout en récupérant notre précieuse acquisition.

- Appelle-moi impératrice désormais, déclarai-je avec un sourire narquois.

En longeant la haie de photinia rouge, je retrouvais le petit trou formé lors de notre passage. Mon complice ramassa la cisaille sur le chemin et souleva le grillage découpé pour me faire passer en première.

Falko jubilait, incapable de contenir sa joie. Il glissa son bras autour de mon cou et me ramena vers lui.

- La meilleure ! Je te le dis, tu es la meilleure !

Nous étions déjà riches, ne manquions de rien, mais dès demain, une fois le colis remis à notre commanditaire, notre fortune serait multipliée.

Tous ces policiers qui désespéraient de perdre ma trace à chaque méfait n'étaient que des incompétents. Ils pouvaient continuer à me traquer, espérant me capturer un jour, mais en réalité, nous jouions toujours au jeu du chat et de la souris. J'étais l'ombre, présente, mais insaisissable. Quoi qu'il arrive, j'avais toujours une longueur d'avance sur eux.

Nous étions comme les rois de ce monde.

Nous étions intouchables.

Et j'étais la voleuse aux mains d'or.

La Voleuse aux Mains d'Or - Tome 1 [TERMINÉ]Where stories live. Discover now