La Voleuse aux Mains d'Or - Tome 1 [TERMINÉ]

Chapitre 21

Date de rédaction : 28/02/2023

— T'aurais pu me lâcher.

Perplexe, je déviais mon attention vers le sergent Wiles qui se tenait tout comme moi allongé dans l'herbe, il reprenait encore ses esprits et son souffle.

— Pourquoi faire ?

— T'enfuir ?

Voilà ce que font tous les voleurs, devait-il penser, mais en vérité cette idée ne m'avait pas traversé la tête, ne serait-ce qu'une seconde. Je ne cachais pas un rire amer en me redressant sur le coude, pour lui, je ne valais pas un clou, je l'avais bien compris dès notre première rencontre. Heureusement qu'Hana m'accordait une certaine estime, cela me laissait croire qu'il n'avait pas tout à fait raison.

— Et avoir un mort sur la conscience ? Non merci, soupirais-je en me redressant.

— Donc tu as une conscience.

Il se plaisait à remuer le couteau dans la plaie.

— Une conscience, une morale et tout l'attirail qui suit.

— Une morale discutable...

Pourquoi renchérir ? Je me contentais d'essuyer mon pantalon couvert de terre, tandis que mon compère se redressait enfin, non sans jeter une œillade au précipice auquel nous venions de réchapper. Calixte se racla brusquement la gorge en se rapprochant l'air de rien.

— Au fait, je ne t'ai pas remercié pour Hana, ce que tu as fait l'autre jour, dans l'appart de Reis.

Difficile de croire ce que j'entendais, et à le voir aussi grande gueule, je devinais à quel point ces mots furent durs à lâcher. Alors je souriais. Peut-être que je commençais enfin à entrer dans les bonnes grâces du sergent Calixte Alexander Wiles.

— C'était normal.

Quoi qu'il en soit, il prit bien vite le pas devant moi, déterminé à regagner le chemin et mettre la main sur sa collègue qui ne donnait plus de nouvelles.

— Maintenant, nous devons la retrouver.

Je le rattrapais à la hâte tout en nouant mes cheveux avec un autre élastique à mon poignet, désormais, nous étions hors d'atteinte, nous traversions le champ de vigne tout en distançant un peu plus la demeure des Alemano.

— Tu l'aimes beaucoup, n'est-ce pas ? m'enquis-je avec l'idée d'en apprendre plus et de mieux cerner ce duo.

— C'est mon binôme.

— Ça va bien au-delà de ça. J'ai vu dans ton téléphone une photo de son fils.

Brusquement, il ralentit le pas pour mieux me dévisager d'un air scandalisé.

— T'as fouillé dans mon téléphone ?!

Un seul léger rictus en guise de réponse de ma part et Calixte relâcha les épaules en forçant sur un soupire agacé tout en se pinçant l'arête du nez.

— Évidemment, pourquoi je continue de m'étonner...

— T'es son père ?

Nous reprîmes la marche, des brindilles sèches craquaient sous nos pas, je veillais à ne pas poser mes pieds n'importe où, au risque de trébucher sur les grosses pierres et les racines des vignes qui rendaient le terrain abrupt et parfois traitre.

— Non, Hyun est mon filleul.

Mmh... Je m'en doutais.

— Donc ça va bien au-delà d'un binôme.

Forcé de constater que nous n'avions pas grand-chose d'autre à faire en attendant de rejoindre notre point de départ, Calixte se laissa tenter pour m'en dévoiler un peu plus :