La Voleuse aux Mains d'Or - Tome 1 [TERMINÉ]

Chapitre 44

Date de rédaction : 27/06/2023

Calixte

Le moteur coupé et l'ancre déroulée, nous avions sauté par-dessus bord pour gagner le rivage à pied. Les eaux azurées et peu profondes se révélaient des plus fraîches en raison de l'automne avancé, ainsi que la nuit qui se propageait pour engloutir les dernières lueurs du jour. J'étais désigné pour porter le matériel, et tandis qu'Isis marchait trois mètres devant moi, je commençais à me demander si elle considérait comme son associé ou bien son larbin. Dans un cas comme dans l'autre, je ne m'identifiais pas comme tel. Car si tout se déroulait comme prévu, alors demain je me trouverais face à Stuart Smith, non pas pour répondre de mes actes, mais pour me plaindre de l'interruption de mes « vacances ». J'espérais qu'il goberait mon mensonge et que Ben me couvrirait en cas de besoin.

Quant à la voleuse... Qu'imaginait-elle ? Que je resterais indéfiniment pour porter ses affaires ? Que nous poursuivrons les effractions dans les domiciles ? Que nous continuerons à partager cette putain d'adrénaline qui faisait vibrer tout mon corps ? Que nous partagerons une nouvelle nuit passionnée ? Non, c'est moi qui l'imaginais, bordel, j'en rêvais.

Mes bottes s'enfonçaient dans les cailloux, je pressais le pas pour la rattraper, profiter d'elle autant que possible, m'imprégner de sa présence, de sa voix autant que de son sourire ravageur. Au loin, on distinguait le ponton et peu à peu, au-dessus, s'élevait la villa des Verano. Bordel, j'espérais que Pembrose n'avait commis aucune erreur.

— Corde, énonça la voleuse une fois arrivée au pied d'un grand mur lisse.

Sur-le-champ, j'ouvris mon sac pour lui tendre sa convoitise.

— Grappin.

Des deux éléments en main, elle n'en fit qu'un à l'aide d'un nœud solide. Elle inspecta avec minutie notre obstacle, enfin ça n'en était pas un pour elle vu la façon dont elle lança la corde dans les airs pour agripper au premier coup le rebord cinq mètres plus haut. D'une poigne ferme, Isis testa la force de sa prise et sans plus tarder, elle posa un premier pied sur le mur.

— T'es née pour ça, souriais-je épaté par tout ce que je découvrais d'elle.

Meier grimpait avec une aisance stupéfiante, pourtant, elle n'était pas des plus râblées, j'affirmerais même le contraire avec sa silhouette fine, mais ne s'agissait-il pas d'un prérequis pour devenir voleuse ? Pouvoir se faufiler partout, le pas plus léger qu'une plume, aussi discrète qu'une ombre.

— On ne t'enseigne pas ça au service de reconnaissance ?

Je posais mes mains sur mes hanches tout en contemplant ma complice au sommet de la façade.

— Escalader un mur ou entrer illégalement sur une propriété ?

— Les deux.

J'empoignais à mon tour le lien pour la rejoindre.

— Disons que l'apprentissage et les objectifs sont très différents des tiens, anhélais-je dans l'effort en appuyant enfin une main sur le rebord.

Elle m'aida à me hisser avant de renverser la corde de l'autre côté et se suspendre.

— Toi tu ne voles pas, tu te renseignes, paie ton éclate.

— Ça te plairait.

— Permets-moi d'en douter.

À mon tour, je la rejoignais, une fois investit sur le gazon, je donnais un coup dans la ficelle pour faire sauter le grappin et ne laisser aucune preuve de notre passage.

— Infiltrer des réseaux clandestins, recueillir des informations sur des politiciens corrompus, les faire chanter... Revenir au pays et être applaudi.