Chapitre 43

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Date de rédaction : 21/06/2023

Nous avions quitté la côte monégasque depuis huit bonnes heures, emportant à bord d'un Hacker-Craft tout de bois vernis, l'ensemble de nos effets personnels.

— Alors, dis-moi, pour quel larcin t'es-tu vue contrainte d'apprendre à manier la barre ?

En jetant un coup d'œil discret par-dessus mon épaule, j'apercevais Calixte, plongé dans l'inventaire de tout notre matériel. Le soleil tapait fort en cette fin d'après-midi, si bien qu'il avait fini par délaisser ses chaussures ainsi que son t-shirt pour le plus grand bonheur de mes mirettes.

— Pourquoi cela doit-il nécessairement être pour un larcin ? N'aurais-je pas pu apprendre pour le plaisir ?

Il stoppa son activité pour se retourner et croiser les bras.

— Dis-le, mais je ne te croirais pas.

Je dissimulais un rire en me concentrant de nouveau sur ma conduite. Une vieille impression refaisait surface dans mon esprit, l'époque où je naviguais en solo, où je ne connaissais aucune frontière, pas même celle de la peur. Je me souvenais de mon premier tour sur un cabin-cruiser ou encore un yacht, des sensations toutes différentes, mais rien ne valait un bon voilier, pour se laisser porter au gré du vent. Oh oui, je me souvenais très bien de ces deux mois passés à voguer au beau milieu de la mer Égée, s'arrêter d'île en île, voler au crépuscule et faire la fête avec des inconnus au bord de la plage jusqu'à l'aube.

— Un millionnaire excentrique qui vivait sur un petit atoll au large de Naxos, cédais-je en lui donnant raison. J'aurais pu y aller à la nage, mais c'est plus compliqué de s'enfuir avec trente lingots d'or sur le dos.

— T'es incroyable, souffla-t-il stupéfait.

Pour le moins étonnée par ses paroles pleines de sincérité, je réprimais un étrange sentiment, le regard fixé vers l'horizon où le relief de la Sardaigne s'étendait sur notre gauche, tout était bon pour ne pas dévier mon attention vers Calixte. Je ne voulais pas qu'il découvre à quel point ses mots ravivaient mon attrait à son égard. Mais quoi que je tente d'esquiver, quoi que je tente d'ignorer, je perdais encore et toujours. Car c'est bien Calixte qui venait à moi, ses mains agrippant mes hanches, tandis que ses lèvres ne demandaient qu'à quérir mon cou.

— N'a-t-on pas dit que tout ce qui se passe à Monaco reste à Monaco ? questionnais-je sans pour autant lui fournir l'intérêt qu'il convoitait tant.

— Si, mais nous sommes là, au beau milieu de la mer, à l'abri des regards.

Je ne pouvais que lui donner raison. Ses doigts se frayaient un chemin le long de mes cuisses, entre les plis de ma robe en macramé blanc qui cachait à peine mon bikini noir. De n'importe quelle manière, Cal savait capter mon attention. Et tant que nous maintenions le cap, alors je pouvais me permettre de lâcher la barre pour enfin répondre à son étreinte.

— Éclaire-moi Wiles, qu'est-ce qui a changé entre nous ?

Il souleva mes lunettes de soleil et par réflexe je fermais les yeux pour me protéger de cette vive lumière.

— Rien n'a changé. Dès le premier jour, je t'ai haï, autant que je t'ai désiré.

À chacun de ses mots, il semait des baisers le long de mon cou tandis que ses doigts qui me pressaient contre son torse m'offraient la plus divine des tendresses.

— Ôte-moi d'un doute, mais tu veux toujours me foutre en taule ? susurrais-je en sillonnant son bras gauche jusqu'à frôler sa montre et enfin capturer sa main.

— Bien sûr, je dois accomplir mon devoir.

Le bateau qui tanguait ne nous aidait pas à garder pied, je me perdais dans son odeur qui se mélangeait à l'atmosphère iodée. Mon cœur palpitait comme jamais et je fondais au simple contact de ses lèvres sur les miennes. De nous naissait une tension électrisante, je me heurtais à un pécher galvanisant, tout cet interdit devenait plus exaltant que le vol de n'importe quel diamant. Cal était ma plus belle extorsion, mon plus beau coup. Et cet attrait me paraissait insatiable, j'en redemandais à n'en plus finir.

La Voleuse aux Mains d'Or - Tome 1 [TERMINÉ]Onde histórias criam vida. Descubra agora