Chapitre 36

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Date de rédaction : 17/05/2023

L'émergence se révélait des plus ardues. Mes membres répondaient à peine, et chaque mouvement me provoquait une douleur qui m'arrachait des gémissements successifs. La moindre respiration s'entravait d'un millier de maux. Ouvrir les yeux semblait peine perdue tant mes paupières me paraissaient lourdes... Et puis cette lumière... Si aveuglante qu'elle m'empêchait d'y voir clair. Tout se mélangeait dans ma tête, je ne parvenais pas à poser le doigt sur mon dernier souvenir. Mon souffle était si lourd qu'il me semblait étouffer sous le poids d'une pierre.

Mes doigts remuaient entre les plis d'un drap. Cette odeur, je la connaissais par cœur, celle de ma lessive. La confusion me plongeait dans un état trouble, si bien que je commençais à douter de la réalité. Je me sentais chez-moi, je distinguais les couleurs chaudes de ma chambre. Mais quelle absurdité. Aux dernières nouvelles, j'étais... J'étais...

— Ne force rien, prend ton temps.

J'étais quasi morte. Enfin plus tout à fait...

Je percevais cette ombre qui me surplombait, mais impossible de la détailler. Par réflexe, je portais ma main contre mon ventre. Car plus je sortais ma léthargie, plus je me souvenais de chaque détail. Mon bras soulevé dans l'espoir d'atteindre cette forme, je ne rencontrais que le vide, la lourdeur de mes membres ne me permettait pas de le toucher.

— Calixte...

Mais naturellement, ses doigts vinrent à ma rencontre.

— Tu es revenu... murmurais-je dans un souffle à peine perceptible.

Ce contact chaud et rassurant, pour rien au monde je ne désirais le lâcher.

— Je ne suis jamais parti.

En redoublant d'efforts, je distinguais sur la table de chevet tout un tas de compresses souillées ainsi qu'un bol d'eau à la couleur rosée. Les rayons de soleil se déversaient dans ma chambre et plus je contemplais ce décor, plus je me pensais aux cieux, car mon esprit refusait encore d'assimiler l'idée rationnelle que je me trouvais de nouveau chez moi. Une main bienveillante se glissa sous ma tête, je sentis bien vite le confort d'un second oreiller qui me permit de me redresser.

— Tiens, bois.

Rien qu'à l'odeur, je devinais que le verre porté à mes lèvres ne contenait pas que de l'eau. Mais ma gorge sèche me tiraillait, et je ne me fis pas prier pour vider le contenu.

— Ça soulagera la douleur.

— Combien de temps ai-je...

— Une douzaine d'heures, coupa-t-il comme s'il connaissait le fil de mes pensées.

Enfin il m'apparaissait, ses traits froissés d'inquiétudes, mais sa peau surtout couverte d'éraflures, une importante ecchymose colorait sa pommette, alors qu'un pansement trônait sur sa tempe.

— Ton visage, que s'est-il passé ?

Son pouce effleura les lésions qui couvraient une partie de sa joue droite.

— Rien t'inquiète.

Quel vilain menteur. Mais juste en considérant sa mine accablée, je devinais qu'il ne désirait pas en parler. Il prit place sur un fauteuil qu'il avait tiré depuis un coin de ma chambre, les doigts entrecroisés, les coudes posés sur ses genoux, Calixte se pinçait les lèvres en se plongeant dans une profonde réflexion. Je me contentais de le toiser, incapable d'expliquer sa présence ici. Comment avait-il trouvé mon adresse ? Aucun document ne portait mon véritable nom et encore moins celui d'Aure Visconti. Je prenais toutes les précautions pour demeurer invisible aux yeux du monde. Quoi qu'il en soit, je devrais revoir mes méthodes de dissimulation.

La Voleuse aux Mains d'Or - Tome 1 [TERMINÉ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant