Chapitre 20

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Date de rédaction : 23/02/2023

— Non, mais j'y crois pas ! Tu te payes ma tête ?!

La porte d'entrée claqua violemment.

Happée par ma soif d'en découvrir un peu plus, je me faufilais près de la balustrade en bois qui surplombait le salon.

— Verano ? Raphael Verano !

Guiseppe hurlait si fort que le chien toujours enfermé dans le garage se mit à aboyer. Les lumières envahirent tout le rez-de-chaussée. Cachée dans mon coin, je pouvais voir le couple se confronter, bien que Marilena se contentait de tourner le dos à son époux pour mieux le fuir en se réfugiant dans la cuisine afin de s'emparer d'un verre à pied.

— On s'en va.

Le murmure et la soudaine présence de Calixte dans mon dos m'arrachèrent un sursaut.

— L'enfoiré, je vais...

Sa main se referma autour de mon bras, mais j'insistais pour rester, du moins jusqu'à ce que je ne vois notre chère victime débouchonner la bouteille de Gaja Gaia & Rey pour se servir au trois quart de son contenant et en boire la moitié, de quoi lui donner un peu de courage pour rétorquer :

— Oh ne me fait pas la morale, j'ai vu comment tu regardais la serveuse ! Et cette Giulia que tu fréquentes à la salle de sport, elle a quoi de plus que moi ?

Elle débitait tellement de mots et d'insultes que je peinais à suivre son italien mêlé parfois à des phrases prononcées en ligurien dont quelques mots s'apparentaient parfois au français. Calixte n'y comprenait rien, et c'est pour cette raison qu'il s'impatientait. Je le laissais m'entrainer hors de la mezzanine pour rejoindre le couloir.

— C'est son âge ? Je suis trop vieille pour toi ?! Tu me dégoutes ! Si les enfants savaient...

— Oui, bien sûr ! Si les enfants savaient que leur mère se tape un autre homme ! Marié en plus !

Mon complice entreprit d'ouvrir la porte-fenêtre qui donnait sur un petit balcon. Mais je le retenais avant qu'il ne commette une erreur. En silence, il m'interrogea en haussant un sourcil.

— Ils vont le voir si on passe par-là.

— Nous devons rejoindre Hana au plus vite.

Je ne pouvais lui donner tort, pour autant, nous devions nous montrer prudents, et à l'écoute des pas grondants dans les escaliers, je m'empressais de tirer Calixte en arrière.

— Ça ne sera jamais pire qu'une gamine de dix-huit ans, espèce de dégénéré !

— Répète ! Répète pour voir !

Sans réfléchir, je nous dirigeais jusqu'à la chambre du couple, au vu de leur différend, ils ne risquaient pas de se coucher dans l'immédiat. En délicatesse, je refermais la porte avant que l'on nous repère, Guiseppe courait après sa femme et cette dernière le fuyait pour se réfugier dans notre direction. Mon assistant-cambrioleur me toisa avec incompréhension, il tenta même de contredire mes actions, mais avant même qu'il ne prononce un mot, j'écrasais une main sur sa bouche tandis que de l'autre je tirais la porte coulissante de la penderie. Du bout de l'index, je lui ordonnais de se cacher, ahuri, il secoua la tête, préférant me pointer à son tour la fenêtre à deux pas. Rah ! Bordel ! C'est pour ça que je me la jouais toujours en solo !

— Figlio di puttana, mi hai sentito bene !

Brusquement, je le débarrassais de son sac à dos. Ma poigne se referma autour de sa veste et, pris au dépourvu face à l'urgence de la situation, il se laissa entrainer parmi les robes et les longs manteaux. Les talons claquèrent de l'autre côté de la cloison, et à mon tour, je me jetais corps et âme dans cette cachette de piètre qualité. La clenche de la porte se souleva, du bout des doigts, je coulissais le battant et m'enfonçais parmi les tenues extravagantes qui empestaient le parfum à outrance. Le cannage me permettait de discerné de manière précise les silhouettes du couple qui se tournait autour, prêt à s'entretuer.

La Voleuse aux Mains d'Or - Tome 1 [TERMINÉ]Nơi câu chuyện tồn tại. Hãy khám phá bây giờ