Chapitre 15

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Date de rédaction : 24/01/2023

« 72 Zoutmanstraat – 19h15 »

Je pressais le pas. Les yeux rivés sur le téléphone, suivant le chemin, bien décidée à trouver Falko au bout de mon itinéraire et à en finir ! Mes appréhensions misent de côté, seul mon règlement de compte avait de l'importance. Et cette fois-ci, je ne le laisserais pas m'échapper. Les rues étaient encore animées, alors je n'imaginais pas mon ex-associer usé de ses explosifs pour me nuire. Mais ma conscience me criait que ce taré pouvait bel et bien en être capable. Alors je devais me méfier, rester sur mes gardes et ne pas hésiter à l'arrêter si nécessaire. Sous ma manche, je conservais un couteau en inox trouvé dans la cuisine. Ce n'était pas d'une grande arme de dissuasion, mais nul doute que je m'en servirais si nécessaire.

Je prêtais toujours un œil attentif par-dessus mon épaule, personne ne me suivait, et quand j'évoquais "personne", je pensais avant tout au duo de malheur qui ne me lâchait pas d'une semelle. Malgré tout, Hana m'apparaissait plus compréhensive que l'autre imbécile. Je réprimais un rire sournois, il n'avait rien senti lorsque ma main s'était glissée dans sa poche.

Enfin, j'approchais du point du rendez-vous. Ignorant ce qui m'attendait sur place, et en scrutant les alentours, je n'imaginais pas Falko se montrer au milieu des passants.

— Soixante-douze... me répétais-je en remontant la rue.

Bon sang, mais où se cachait-il ? Aucune trace sur les toits, et rien autour de moi. Pourtant, je me trouvais au bon numéro, et le téléphone indiquait dix-neuf heures treize.

Soudain, il m'apparut. En évidence, derrière la baie vitrée d'un restaurant chic. Je reconnaissais cette maudite tignasse blonde, Falko Reis se trouvait là, assis à une table, en plein entretien avec un homme dont le visage ne m'évoquait rien. Le choix de son emplacement n'était pas un hasard, il voulait que je le voie, il voulait que je le méprise d'autant plus, car il se trouvait en compagnie d'un potentiel acheteur. Je savais reconnaitre ce genre d'entrevue, tout comme leur posture droite et les sourires d'approbation qu'ils s'échangeaient. Je me reculais pour me dissimuler dans la pénombre, la caméra pointée vers les deux hommes, je ne perdis pas une seconde pour capturer plusieurs clichés. Il fallait que je pose un nom sur cet inconnu, que je sache à quoi m'attendre s'il me fallait lui voler les documents. Une moustache finement ciselée, des cheveux grisonnants plaqués avec un excès de laque en arrière et des rides qui me laissaient supposer que ce client tournait autour de la cinquantaine. De la poche intérieure de son veston, il sortit une enveloppe blanche que Falko accepta sans hésiter avec un hochement et un large sourire de satisfaction. Le contenant me paraissait trop mince pour contenir une importante somme, alors de quoi s'agissait-il ? Que manigançait Reis ?

Voilà la quinzième minute, le traitre jeta une œillade par la fenêtre, mais dans l'ombre je demeurais hors de sa vue. Enfin, Falko se leva pour remercier son client, il allait sortir, et je comptais bien lui tomber dessus.

Pour autant, avant même que je ne quitte mon recoin, une force m'entraina en arrière, mon cœur rata un battement et par réflexe, je portais mon coude contre mon assaillant. Déjoué de peu, une main croqua mon poignet et en moins de deux, je me heurtais face contre mur, maîtrisé avec une basique, mais douloureuse clé de bras. Un râle étouffé remonta le long de ma gorge alors que je fusillais la silhouette qui me surplombait.

— Toi !

Saleté de bon à rien qui ruinait mon plan ! Calixte Wiles affichait un large rictus malicieux et victorieux.

— Tu pensais vraiment qu'on te laisserait partir aussi facilement.

— Va-t'en ! Tu vas tout faire foirer !

La Voleuse aux Mains d'Or - Tome 1 [TERMINÉ]Where stories live. Discover now